Othniel Dossevi : « Le PSG était pour moi un job d'étudiant »

 

Premier joueur africain de l'histoire du Paris Saint Germain, Othniel Dossevi laisse aux observateurs le souvenir d'un joueur rapide, adroit devant le but, bon équipier, mais surtout celui d'un grand artisan de la remontée parisienne en deuxième division. Aujourd'hui professeur de lettre agrégé à Bordeaux, il se souvient que son arrivée dans le club de la capitale, n'avait rien de programmée, mais était plutôt du domaine du hasard et du loisir.

 

PSG70 : Othniel Dossevi, pouvez vous nous parler du parcours par lequel vous avez atterri au PSG en 1972 ?

Othniel Dossevi : «  J'ai souvent été sollicité par des journalistes car il parait que je suis le premier joueur africain de l'histoire du Paris Saint Germain. Cela a été une découverte pour moi. J'ai aussi marqué le premier but du nouveau PSG d'Hechter en D2, c'était contre Béziers. C'est aussi moi qui ai marqué le 1 er but du PSG au Parc des Princes, contre le Red Star (NDLR : Victoire 3-1 le 11 novembre 1973, en levé de rideaux de Paris FC-Sochaux) . Je suis arrivé au PSG en 1972 après la scission comme vous devez le savoir. Mais je ne suis pas venu à Paris pour le football. Je suis arrivé en France à l'âge de 16 ans avec mes parents qui étaient sollicités par l'administration coloniale après l'indépendance du Togo. Ils avaient le choix mais ils ont préféré venir en France. Moi j'aurai souhaité rester au Togo et vivre pleinement mon adolescence avec mes amis. Nous avions des rêves pour notre pays, nous voyons grand pour le Togo et pour l'Afrique. Nous devions devenir professeurs, médecins ou chercheurs. Pour ma part, c'était décidé, je serai professeur. Je suis arrivé en France, à Tours. En parallèle, je jouais au FC Tours en Championnat de France Amateur, l'équivalent de la Division 3. J'ai ensuite rejoint une classe préparatoire aux grandes écoles à Clermont-Ferrand. Je jouais en parallèle avec l'AS Montferrand où j'ai croisé Serge Chiesa avant qu'il ne signe à Lyon. »

 

« Aujourd'hui, il y a plus de médecins et professeurs togolais en France qu'au Togo… »

 

O.D. : « A l'époque, le CFA était d'un très haut niveau. C'était l'élite amateur. Si vous voulez, le champion de CFA ne montait pas en D2. C'était deux championnats bien différents. Le championnat professionnel d'un côté et le championnat amateur de l'autre. Il y avait de grandes équipes comme Quevilly, le Gazelec Ajaccio ou Chateauroux (je tiens d'ailleurs à préciser que je n'y ai jamais joué malgré ce que j'ai pu lire sur internet. Ils m'ont suivi à un moment mais je n'ai jamais joué là bas). Il y avait aussi de très grands joueurs comme Daniel Horlaville par exemple, qui aurait pu rejoindre l'équipe de France à tout moment s'il le souhaitait, ou Jacky Bade de Muret qui a signé au PSG lorsque Fontaine est venu le chercher. Pour ma part j'étais un bon joueur de CFA au poste d'ailier ou buteur. J'aurai pu être plus ambitieux pour le football mais cela ne m'intéressait pas, je souhaitais être professeur. Je n'étais pas venu pour devenir champion de football. Et si je l'étais devenu, mes amis restés au Togo n'auraient pas compris mon choix. J'avais pour ambition de servir le Togo. Ce n'est pas en devenant footballeur que j'aurai pu aider mon pays. Même si aujourd'hui, le football contribue à servir l'Afrique, à l'époque, l'Afrique avait besoin de médecins et professeurs, pas de footballeurs. J'avais donc pour ambition de retourner au Togo, mais la France a placé des dictateurs à la tête des pays africains après la décolonisation. Il m'était donc impossible de retourner là bas. Aujourd'hui, il y a plus de médecins et professeurs togolais en France qu'au Togo… En 1971 je préparais mon agrégation à Clermont-Ferrand, et pour me consacrer plus pleinement à mes études, j'ai décidé d'arrêter le football. Un joueur qui quittait lui aussi l'ASM m'a finalement convaincu de poursuive avec un petit club, celui de l'US Ambert, à coté de Thiers dans le Puy de Dôme. Mais j'ai compris que pour viser plus haut je devais rejoindre une grande école parisienne. Je suis donc monté à Paris en 1972. Cette année là, Henri Patrelle venait de relancer le PSG en Division 3 après la scission. Le club gardait le même nom de Paris Saint Germain mais restait à Saint-Germain, au Camp des Loges. Robert Vicot de Châteauroux est aussi arrivé au club comme entraîneur. Lorsqu'il a su que j'étais à Paris, il m'a demandé de venir jouer pour lui. C'est l'année où le championnat amateur a été reformé. Il est devenu la Division 3, et le premier de chaque groupe pouvait monter en deuxième division. Je tiens d'ailleurs à remercier monsieur Patrelle, car si je suis professeur aujourd'hui, c'est en partie grâce à lui et aux extraordinaires conditions de travail qu'il a pu m'offrir à Saint-Cloud. J'étais dans un environnement idéal pour réussir, et en plus, je gagnais un peu ma vie grâce aux primes de match. Pour moi, le PSG était un job d'étudiant (rires). Nous avions une très belle équipe faite de joueurs expérimentés comme Michel Marella et de jeunes joueurs talentueux comme Eric Renaut. Nous n'étions barré en Championnat que par Quevilly. D'ailleurs, ils ont terminé en tête. (NDLR : Le PSG n'est monté en D2 cette saison là que grâce au désistement de l'US Quevilly). »

 

PSG70 : En 1973, des joueurs comme M'Pelé et Spiegler débarquent au club, à votre poste. Comment avez-vous vécu le fait d'être relégué sur le banc, vous qui étiez un des joueurs de base de la saison précédente ?

O.D : « Lorsque le club est monté en D2, je venais d'avoir mon agrégation. Il fallait renforcer l'équipe à des postes clés. Leonetti est revenu, au milieu il y avait Cardiet, Deloffre et Dogliani et devant, Marella, moi, Prost et André. Sans prétention, nous avions le niveau de la D2. Je pensais ne plus avoir ma place dans l'effectif, j'avais fait les matchs amicaux en dilettante, mais finalement j'ai trouvé une place de titulaire au poste d'ailier gauche. Nous étions vraiment au dessus du lot, jusqu'au match contre le Red Star. Fontaine et Hechter étaient des passionnés de football, Fontaine admirait M'Pelé et s'était mis en tête de le faire venir. Moi j'étais délégué des joueurs au Conseil d'Administration. Nous avions la moitié de l'effectif qui était amateur et l'autre moitié professionnelle. Nous avions prévu de monter en deux ans, nous étions en avance sur notre tableau de bord. Ca marchait bien comme ça, mais Fontaine et Hechter ont voulu se renforcer quand même. Ils ont fait venir deux étrangers, Spiegler, international israélien et M'Pelé, international congolais. A l'époque il ne pouvait y avoir que deux étrangers alignés sur le terrain. Si je suis aujourd'hui français, je ne l'étais pas en 1973, et pour l'intérêt du club, j'ai du ne plus jouer (NDLR : Il n'a en effet joué que les 15 premiers matchs de la saison). »

 

PSG70 : Vous vous êtes donc en quelque sorte sacrifié pour le club ?

O.D : « Oui, enfin de toute façon, si je n'avais pas voulu, ça n'aurai pas changé grand-chose. L'équipe à mi-parcours était largement en tête, les joueurs avaient le niveau. M'Pelé était plus fort individuellement mais le football est un sport collectif. Chacun sait qu'un collectif bien huilé s'avère plus efficace que plusieurs joueurs de niveau technique supérieur pris individuellement. Mais je comprends le raisonnement des dirigeants, car si avec Dossevi on gagne, alors avec M'Pelé et Spiegler on montera encore plus vite ! Au final, c'est l'effet inverse qui s'est produit, car on a perdu du temps avec l'adaptation de ces nouveau joueurs et nous sommes montés aux barrages alors que nous aurions pu monter bien avant. Le grand match de l'histoire du PSG c'est contre Valenciennes en match de barrage, mais sans ces changements, je suis persuadé que nous serions monté immédiatement. Nous étions très a l'aise tant offensivement que défensivement. En fin de saison, Hechter a déclaré un peu maladroitement qu'il félicitait les joueurs pour cette montée car l'équipe avait été faite de «  brique et de broc  » mais pour moi, l'équipe était compétitive et largement au niveau du championnat. Derrière les chefs d'orchestre qu'étaient Deloffre et Dogliani, nous étions de vrais purs sangs, techniquement pas mauvais mais de vrais sprinters. Nous jouions vite et les équipes adverses explosaient sous nos offensives. André et Marella couraient le 100 mètre comme de véritables sprinteurs. Je me souviens qu'en revenant des footings à l'entraînement, dans les bois environnants le Camp des Loges, nous terminions en sprint dans la dernière ligne droite de l'avenue qui va au Camp des Loges. La course était à chaque fois remportée par ces sprinters hors pairs. La saison suivante 74/75, je n'ai joué qu'un match, en Coupe de France à Nancy (NDLR : contre Saint-Dié en 32 ème de finale retour de la Coupe de France, victoire 4-0, buts de Dogliani, M'Pelé (2) et…Dossevi) et quelques matchs amicaux. Certains joueurs râlaient de ne pas jouer. Moi non. Je n'étais pas professionnel, j'étais un suppléant, un remplaçant de luxe en quelques sortes. J'étais bien à Paris, je pouvais poursuivre mes études et mes recherches pour une thèse. »

PSG70 : De tous les joueurs que vous avez côtoyés au PSG ou ailleurs, lequel vous a le plus impressionné ?

O.D. : « Dahleb. Et je ne devrais pas dire cela vu ma situation à l'époque, car au PSG, il y avait Pantelic dans les buts et Dahleb à gauche, à mon poste. Deux étrangers qui m'empêchaient de jouer en réalité. Mais je ne peux pas me plaindre, car même dans mes rêves les plus fous je n'imaginais pas jouer avec un tel joueur. C'est aussi un homme d'une grande modestie. Lorsqu'il faisait un match extraordinaire il ne le savait pas, il ne s'en rendait même pas compte ! Je suis sur que si vous l'appelez aujourd'hui, il vous dira qu'il m'admire moi alors que je ne lui arrive pas à la cheville (rires). »

 

« S'en prendre à Hechter était un véritable scandale »

 

PSG70 : Si vous ne deviez en retenir qu'un, quel serait le meilleur souvenir de votre carrière ?

O.T. : « C'est difficile d'un retenir un en particulier. Toute la saison en Division 3 a été forte en émotions. J'ai lu sur votre site l'interview de Robert Vicot qui disait qu'on se retrouvait chaque soir pour manger, avec les femmes, qu'on chantait, qu'on dansait. Et bien c'était tout à fait cela. C'était vraiment une fête. (Extrait de l'interview de Robert Vicot : «  Mais je retiens surtout l'ambiance générale de camaraderie entre les joueurs et le staff. Les Laposte , Prost , André , Dossevi , Marella , Choquier étaient tous de très bons joueurs amateurs qui s'entendaient parfaitement ensemble. Tous les dimanches soirs, tout le monde se réunissait et on mangeait ensemble dans une petite auberge à Saint-Germain avec les femmes ».) Pour mon cas personnel, je retiens aussi mon but au Parc des Princes contre le Red Star, le premier. C'est ce que j'ai fait de plus remarquable sportivement. C'était une recréation splendide en marge de ce qui allait être ma vie de professeur agrégé en lettre. J'ai eu la chance de rencontrer des dirigeants charmants comme Henri Patrelle, le meilleur président que j'ai rencontré. Je garde de très bons souvenirs de ces trois ans passés au PSG, ceux d'une fête flamboyante de football. J'ai rencontré des gens intéressants, charmants, à l'image de Vicot, Fontaine ou Hechter. D'ailleurs, je ne comprends pas le scandale dont ce dernier a été victime, ces maladresses d'écriture. C'est le seul homme venu à Paris pour mettre son argent au service du football parisien. Lorsque j'ai appris le procès qui lui était fait dans les médias sur l'affaire de la double billetterie, j'ai trouvé que c'était un véritable scandale. Il est venu de manière totalement désintéressée au PSG, par amour pour le football. » 

 

PSG70 : Que pensez-vous de l'évolution du métier de footballeur ?

O.T. : «Le football est devenu professionnel de façon exacerbée. Il est désormais impossible de jouer en première division tout en ayant un métier à côté. Je ne pense sincèrement pas que les joueurs d'aujourd'hui soient plus fort que nous techniquement, mais ce dont je suis persuadé, c'est que nous n'aurions pas tenu un quart d'heure au rythme que ça va aujourd'hui. Le football est devenu plus dur et beaucoup plus rapide. Pour ce qui est de l'argent, c'est tout à fait normal À l'époque, il y avait le sport à la télé le week end, c'était le dimanche à 20h15. Il y avait tous les résultats de division 2 et quelques images de D1. On passait le PSG, parfois mais très rapidement, 10 secondes car c'était le club de Paris et d'Hechter. Des amis me disaient parfois « "Oni", on t'a vu à la télé dimanche », lorsque je marquais un but. En réalité, on voyait une ombre, et il fallait être fort pour me reconnaître (rires). Non, à la télé, à l'époque, il y avait Saint-Étienne et c'est tout, ça s'arrêtait là. Aujourd'hui, des matches de National sont retransmis sur Eurosport, les footballeurs sont devenus des acteurs qui occupent le petit écran. La télévision diffuse du football pour offrir du spectacle. Par exemple, je vais en Grèce l'été, car je suis helléniste, eh bien tous les jours, des matches du monde entier passent à la télé. C'est un spectacle mondial, et je trouve normal que les chaînes privées rétribuent les footballeurs comme des acteurs, comme de véritables artistes. Personne ne crie au scandale lorsqu'il s'agit de payer Gérard Depardieu, alors pourquoi serait-il scandaleux de donner le même cachet à Zidane ? Lorsque le PSG gagne, cela éclaircit la semaine de plusieurs milliers de parisiens. C'est pareil à Marseille, une victoire de l'OM donne du bonheur aux supporters pour la semaine. Le Football est devenu une machine à rêves pour le spectacle. »

 

« A défaut de joueurs exceptionnels, il faut un collectif d'exception, ce que Paul Le Guen sait faire. »

 

PSG70 : Suivez-vous toujours les résultats du PSG ?

O.D. : « Oui, je suis, je ne suis pas supporter mais j'aime bien qu'ils gagnent. Aujourd'hui je ne comprends pas certains supporters racistes dont le comportement est lamentable. On ne leur dira jamais assez que le PSG est tout ce qu'il y a de plus anti-raciste. A l'époque, le club avait été repris par un juif, a recruté un arabe, un israélien et des nombreux joueurs africains. On ne pouvait pas trouver un club aussi cosmopolite au monde. Lorsqu'on m'a appris que j'étais le premier joueur africain du club j'ai été surpris, car à Paris, je n'étais pas un joueur africain, j'étais simplement un joueur du Paris Saint Germain. Pour cela j'admire David Ginola, même si je ne le connais pas. Lorsqu'il est parti du PSG, il a dit qu'il ne pouvait plus jouer pour un club dont certains supporters ont insulté George Weah. Rien que pour cela, j'ai une sympathie extrême pour cet homme. Pour en revenir à la question, je trouve qu'on exagère avec le PSG. Il y a de bons joueurs à Paris. Je pense à Pauleta. Même s'il est sur la fin, il reste un grand joueur. Je l'ai vu joué à Bordeaux, car je suis de Bordeaux, c'est un joueur a qui il faut tout un système de jeu autour pour qu'il finisse l'action. C'est comme si vous demandiez à Gert Müller de défendre. Pauleta est un finisseur, il faut le laisser roder dans la surface et attendre qu'il fasse le dernier geste. Le problème, c'est qu'à Paris il n'y a personne pour lui donner cette dernière passe. Il y a de bons petits joueurs mais pas de grands joueurs exceptionnels. Le problème c'est qu'on veut tout de suite le haut niveau. Il faut laisser le temps à cette équipe de se construire, aux joueurs de s'aguerrir. A défaut de joueurs exceptionnels, il faut un collectif d'exception, ce que Paul Le Guen sait faire. Si le public, les dirigeants et les journalistes ne s'affolent pas, on va recréer une grande équipe à Paris. »

 

PSG70 : Mais les journalistes et supporters vont s'affoler et parler de « crise » à chaque défaite.

O.D. : « C'est ça le mal parisien, le pécher originel de Paris. Même nous, à l'époque on tentait de savoir si nous allions nous appuyer sur le modèle nantais, à savoir former de jeunes joueurs puis les vendre lorsqu'ils atteignent un bon niveau, ou si nous allions faire venir de grands noms, et frapper l'opinion d'un grand coup. Nous avons opté pour la deuxième solution, et c'est resté. Ca traîne, et trente ans plus tard, il n'y a toujours pas de fond, pas d'équipe qui puisse pérenniser. Chaque année, le club est en reconstruction, comme à Marseille en somme. »

 

« Je ne voulais pas jouer pour l'équipe du dictateur !»

 

PSG70 : Avez-vous joué pour la sélection togolaise ?

O.D. : « Non ! Je n'ai pas joué et ne je voulais pas jouer pour l'équipe du dictateur Eyadema. Je l'aurai personnellement vécu comme une insulte. Je n'aurai pas pu jouer pour l'équipe d'un homme qui a régné sur le Togo de 1967 à sa mort en 2005, qui a volé et tué des gens et qui n'envisageait pas la démocratie. Mais c'est un grand regret. On a pu voir l'été dernier le Togo à la Coupe du Monde comme une nation de football naissante, mais à l'époque, le niveau du football togolais était remarquable. Il y avait du très beau jeu, mais la dictature est venue casser tout le tissu associatif national pour influencer les gens, les empêcher de se rassembler. Aujourd'hui cela semble redémarrer doucement. »

 

PSG70 : Qu'avez-vous fait depuis votre fin de carrière ?

O.D. : « En 1975 j'ai quitté le PSG pour l'autre club de la capitale, le Paris FC. J'ai fait un très bon début de saison puis je me suis blessé aux abducteurs, dès l'hiver. J'ai d'ailleurs une petite anecdote à ce sujet, illustrant les problèmes du football amateur de l'époque. Lorsque je suis arrivé en France, c'est-à-dire en 1963 en cadets, j'ai dû m'acheter une paire de chaussures de foot. Il y avait deux modèles, les moulées et les alus. N'ayant pas trop d'argent, j'ai choisi les moins chères, c'est à dires les crampons moulés. Lors des premiers matches de la saison, les matchs amicaux, se déroulant sur terrain sec j'ai fait parler ma vitesse, je faisais de grands matchs. Dès l'hiver, je ne comprenais plus, je n'arrivais plus à prendre mes adversaires de vitesse, je m'enlisais. De ce fait, je me suis bousillé les abducteurs, et j'ai traîné ça toute ma carrière. Les dirigeants du FC Tours n'ont jamais pensé m'acheter une paire de chaussures aux crampons alus. C'était des camarades qui jouaient en levé de rideau qui me prêtaient leurs chaussures avant chaque match. Alors dès que j'ai eu mes premières primes, j'ai couru m'acheter des crampons alus. Je me souviens, c'était des « Adidas Penarol », c'est ce qui se faisait de mieux à l'époque, c'était les chaussures de luxe. J'ai donc été blessé de février à mars. La deuxième saison, Vicot est arrivé et ça s'est moins bien passé. C'était l'année ou Lagardère a repris le club. J'étais en contact avec l'Université de Dakar, je suis donc parti enseigner là bas. En parallèle, j'ai joué à la Jeanne d'Arc de Dakar lors de la saison 1977/78 mais il faisait trop chaud pour moi là bas. A jouer sous le cagnard, j'étais mort au bout d'un quart d'heure. J'ai donc arrêté de jouer mais je suis resté dans l'encadrement, pour donner un coup de main. Je suis rentré en France en 1980 pour enseigner au lycée à Pithiviers. Après avoir vu joué l'équipe locale en 4 ème division, je me suis dis que je pourrais peut être encore rendre service. Et j'ai effectivement rendu service puisque nous avons failli monter. J'ai ensuite été muté dans le Nord en 1981. J'y suis resté 7 ans. J'ai joué pour l'équipe d'Avion près de Lens mais il faisait trop froid ce coup là (rires). J'ai rencontré Théo (NDLR : alias Théodore Skudlapski) , un ancien footballeur de l'AS Monaco dans les années 60. Depuis 1980, je suis à Bordeaux, professeur de français, latin, grec et littérature dans un lycée. »

 

PSG70 : Votre frère Antoine a lui aussi porté le maillot du Paris Saint Germain, vos neveu Thomas et Mathieu jouent respectivement au FC Nantes et au Mans, et vos enfants, Damiel et Narayane sont de grands athlètes français au saut à la perche et au saut en longueur. Y a-t-il un talent spécial pour le sport dans la famille ?

O.D. : « Je ne sais pas, c'est vrai que nous sommes une famille de sportifs. Chez moi nous étions 9 enfants et nous ne concevions pas de ne pas faire de sport. Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours fait du sport. Puis, j'ai découvert un jour que les gens aimaient que je sois dans la même équipe que moi au football, que j'étais doué. Antoine, mon frère (NDLR : joueur au PSG de 1975/75) était un ailier rapide. Je l'avais fait venir à Paris mais il n'a pas supporté la vie parisienne et est vite reparti à Tours où il a fait une grande carrière, où il a notamment terminé meilleur buteur de deuxième division en 77/78. C'est pareil pour mes enfants. Ils ont touché à tous les sports, la natation, le judo, le football, le tennis et l'athlétisme. C'est finalement dans ce dernier sport qu'ils se sont épanouis. Damiel est perchiste, il est international, et champion d'Europe espoirs. Il est aussi très doué au football. Par exemple, le Stade Bordelais qui évolue en CFA ne cesse de lui demander s'il ne souhaiterait pas abandonner l'athlétisme pour venir prendre une licence. Il a très tôt compris qu'il ne pouvait pas tout faire à la foie. Il a fait un choix. Sa sœur jumelle, Narayane a préféré privilégier d'abord ses études de kiné avant de devenir elle aussi une athlète de haut niveau au saut en longueur. Elle s'entraîne actuellement à l'INSEP à Paris. Ils espèrent tous deux être présents pour les prochains Jeux Olympiques de Pékin l'été prochain. Les enfants d'Antoine eux ont toujours joué au football. Thomas est à Nantes en L2 mais jouait à Valenciennes en L1 la saison dernière. Il est grand, puissant mais il est peut être encore un peu juste pour la Ligue 1. Son frère, Mathieu est stagiaire professionnel au Mans avec la CFA. Je l'ai vu joué la semaine dernière contre le Stade Bordelais justement. Il est moins grand que son frère mais c'est une pure merveille. Il est très endurant et très doué techniquement. Je pense qu'il peut faire une belle carrière. »

Othniel, Antoine, Thomas, Mathieu, Damiel et Narayane : 6 athlètes de haut niveau dans la même famille. Quel est le secret?

« Pour conclure, je souhaiterai transmettre mes amitiés à messieurs Marella, Vicot, Fontaine, Cenzatto et à toutes les autres personnes que vous avez interviewé sur votre site. Nous avons vécu de bons moments ensemble, et j'espère qu'ils se les remémoreront en me lisant. »

Propos recueillis et retranscrits par Maxime Pousset pour PSG70.free.fr. Nous remercions Othniel Dossevi pour son extrême gentillesse, sa grande disponibilité et pour la qualité de sa réflexion.

 

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