Daniel Bravo  : «Les sifflets du Parc? J'avais presque envie d'arrêter le football »

 

9 Mai 2006

Daniel Bravo, joueur du PSG durant 7 saisons de 1989 à 1996 revient sur la victoire en Coupe des Coupes, 10 ans après. Mais aussi sur ses deceptions, sur la situation actuelle du PSG, sa victoire en Coupe de France exclusivement pour RadioPSG.net et PSG70.free.fr

 

RadioPSG.net : Daniel, ça fait déjà 10ans, quel souvenir gardez-vous de la finale de la Coupe des Coupes ?

Daniel Bravo : « J'en garde un super souvenir. C'était un peu l'aboutissement d'un travail qu'on avait commencé depuis pas mal d'années avec tout un groupe et donc ça reste peut être le meilleur souvenir de ma carrière parce qu'en plus j'arrivais un peu en bout de course, en fin de carrière et je me disais que je n'aurais peut être pas d'autres occasions d'en jouer et qu'il ne fallait surtout pas la perdre. Le fait de la gagner a été une grande joie, une grande revanche aussi par rapport à mon sort à Paris qui avait été difficile, j'avais eu des années un peu compliquées où j'avais été pris un peu en grippe donc le fait de redevenir un joueur important à Paris et de gagner en plus la Coupe des Coupes c'était sympathique quoi. »

 

RadioPSG.net : En parlant de moments difficiles à Paris, on sait que vous avez « vagabondé » sur différents postes, d'après vous quel est le poste où vous étiez le plus performant ?

D.B : « Honnêtement quand j'étais plus jeune à Nice, j'étais attaquant et c'était certainement mon poste d'avoir un rôle offensif, de meneur de jeu de 9 et demi et pourquoi pas jouer sur les cotés. J'étais le plus performant au tout début de ma carrière à ce poste là, et je pense que mon vrai poste, c'était celui là. Maintenant, je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas l'expliquer, peut être par rapport à ce que j'ai vécu à Paris, j'ai mon jeu qui a changé, j'ai perdu un peu confiance, j'ai perdu en spontanéité, ça s'est transformé, je suis devenu peut être plus combatif, Luis [ NDLR : Fernandez ] a vu juste en voyant que mes qualités avaient évoluées, je n'étais plus trop un attaquant mais d'avantage un travailleur. Et donc quand il m'a proposé de jouer à ce poste, je savais que j'avais les qualités pour réussir. Comme je n'étais pas titulaire, je me suis dis que c'était l'occasion pourquoi pas de gagner ma place donc j'ai accepté et c'est vrai qu'en suite, j'étais très bien à ce poste là. Je crois que dans chaque étape, dans chaque période j'ai eu des postes qui me convenaient bien par rapport à mes qualités. »

 

RadioPSG.net : Et d'après vous, justement, ce poste de milieu défensif, est-ce qu'il vous aurait ouvert plus facilement les portes de l'équipe de France ?

D.B : « Je ne sais pas, disons que ce poste de milieu défensif j'aurais pu commencer à y jouer deux ou trois ans avant. Il aurait peut être pu me servir car Aimé Jacquet m'a dit, justement en 96, qu'il ne savait plus trop quoi faire avec moi parce qu'il ne m'avait pas sélectionné durant les deux saisons que je venais de faire à ce poste là. Il m'a dit «  j'ai failli t'emmener en Angleterre à l'Euro 96 » donc voila, je me suis dis que oui, si j'avais commencé deux, trois ans avant à ce poste là peut être que j'aurais pu avoir ma chance avant, même s'il y avait des joueurs comme Didier Deschamps notamment qui étaient indéboulonnable. Mais pourquoi pas dans le groupe oui. Cela aurait été une grande récompense de fin de carrière mais ma récompense je l'ai surtout eu en retrouvant une dignité au Paris Saint Germain et en montrant à tout le monde que j'avais ma place dans ce club et ça a été fantastique. Gagner sa place à Paris c'était avoir la chance de participer à de grandes aventures parce que l'année d'avant on était en demi finale de la Ligue des Champions, l'année d'après on gagne la Coupe des Coupes donc c'était magique quoi. »

 

RadioPSG.net : Daniel, êtes-vous proche du PSG aujourd'hui et souhaiteriez vous y travailler en tant que formateur, recruteur ou autre ?

D.B : « Je suis assez proche, oui et non, ça dépend des périodes. Avec Vahid Halilhodzic on en était loin car il semblait avoir peur des anciens. On n'était pas très bien vu dans les couloirs du Parc. On se faisait pas mal « viré » par des gens qui avaient très peu ces couleurs dans le cœur. Donc ça faisait un peu mal au cœur d'être rejeté comme ça. Ensuite, bon ça change, il y a eu Laurent Fournier donc là, automatiquement on s'est rapproché du club en tant que supporters j'entends, je n'avais pas de rôle particulier. J'étais content de voir que le club retrouvait un peu de couleurs, qu'il devenait plus humain, c'était devenu un peu plus simple. Ça me fait plaisir de voir des anciens. J'étais content pour Laurent [ Fournier ] et Vincent [ Guerin ] à la formation parce qu'on sait que ce sont des mecs qui aiment ce club et ça fait plaisir. Bon ensuite je ne vais pas expliquer l'éviction de Laurent car je trouve cela honnêtement très injuste mais malgré tout j'ai été content de voir le Paris Saint Germain gagner la Coupe de France, revoir des moments de liesse, avec des joueurs qui ont le maillot du Paris Saint Germain sur le dos et content aussi parce que depuis le début de saison, notamment sur Infosport j'ai toujours dis que cette équipe du Paris Saint Germain me plaisais qu'elle manquait un peu d'envie et de remise en question, qu'il y avait de la qualité mais qu'ils n'arrivaient pas à le démontrer. Mais bon, sur la fin ça a été le cas avec cette belle finale. Pour en revenir à la question, pour l'instant il n'y a rien de concret mais si un jour je peux m'investir au club, ça sera avec grand plaisir parce qu'on est pas mal d'anciens de cette époque notamment à aimer beaucoup ce club et pourquoi pas un jour y travailler. »

 

RadioPSG.net : Quelle équipe aimez-vous le plus, Nice, Paris, Monaco ou une autre peut-être ?

D.B : « Disons qu'on garde des affinités avec les clubs par lesquels on est passé. Moi c'est Nice par rapport à mes débuts, c'est Paris par rapport à tout ce que j'ai vécu de très fort, mes titres, j'ai joué 7 ans donc ça marque une carrière et c'est un peu Parme pour l'ambiance italienne, j'ai une tendresse particulière pour Parme mais si je devais choisir un club dans toute ma carrière ce serait Paris quoi. »

 

RadioPSG.net : Et à ce propos, quel est le plus beau moment de votre carrière ?

D.B : « Si c'est un moment précis c'est la finale, c'est un peu une apothéose autrement si c'est une période, je dirais que ce qui reste le plus fort de ma carrière c'est d'avoir pu inverser la tendance à Paris où à un moment donné j'étais vraiment un pestiféré, on parlait de me faire partir, et ou des gens m'avaient pris en grippe. Et puis j'ai réussi à force de travail et en m'accrochant à renverser tout ça, à être titulaire, et c'est pour ça que je me rappel mon but quand j'ai recommencé a être titulaire, j'ai marqué contre le Bayern Munich en Ligue des Champions, on avait gagné 2-0 au Parc. C'est ce qui symbolise un peu mon retour en grâce quoi. Et après ça n'a fait que monter jusqu'à la finale de la Coupe des Coupes. Donc pour avoir renversé la situation et d'être devenu un joueur aimé de cette équipe c'est une fierté incroyable, d'être passé par la. J'ai retourné une situation presque inexplicable. »

 

RadioPSG.net : Et votre pire souvenir ?

D.B : « Ce sont les sifflets du Parc, quand j'étais sur le banc, je m'apprêtais a rentrer et que tout le stade me sifflait, j'avais presque envie d'arrêter le football. »

 

RadioPSG.net : Qu'est ce que vous pensez de la saison 2005/06 du Paris Saint Germain ?

D.B : « Je trouve que l'équipe est bonne mais je ne sais pas, peut être que certains en signant a Paris ou ont eu des difficultés d'adaptation ou ont peut être cru qu'il suffisait de signer pour que ça se passe tout seul. Je trouve que trop de ces joueurs là ont mit du temps à être eux même, je pense notamment à Vikash Dhorasoo qui est un super joueur mais qui a trop souvent eu des difficultés cette saison. Maintenant il semble être bien dans ce club. On l'a vu sur la fin de saison et la finale en Coupe de France ou il a été super. On l'a rarement vu de ce niveau cette saison, ce qui prouve que quand des joueurs importants comme ça ne réussissent pas leur saison et bien c'est un peu tout le club qui rate la saison. Ensuite il y a eu des problèmes internes. Le fait d'écarter Laurent Fournier alors qu'il est 2 ème , c'est incompréhensible. Moi en tout cas, je suis content de voir que l'équipe a gagné un titre et que finalement la saison même si elle n'est pas ce qu'elle devait être reste une assez bonne saison, car malgré la déception en championnat il y a un titre.

 

RadioPSG.net : De toute façon cette victoire en Coupe de France restera une pierre blanche dans l'histoire du club, c'est certain.

D.B : « Oui, c'était une belle finale, c'était contre Marseille, donc on sait que pour Paris c'est un adversaire historique, donc réussir ce match là, faire un beau match, marquer deux buts super et battre Marseille, c'était vraiment une belle fête et moi ça m'a fait plaisir de revoir une image de liesse de joueurs parisiens, ça fait longtemps qu'on avait pas vu cela. Ca fait plaisir car il y avait aussi un engouement populaire incroyable et ça fait du bien à tout le monde. »

 

Interview réalisée par RadioPSG.net et retranscrite par Maxime Pousset pour PSG70.free.fr et PlanetePSG. Merci à Anthony, Vladimir et toute l'équipe de RadioPSG.net, à tous les membres du forum PlanetePSG.com et à Daniel Bravo.