Richard Vanquelef : « Le club s'est vite remis  »

 

19 Mai 2008


Une apparition et un but à la clé. La carrière de Richard Vanquelef sous le maillot parisien se limite à 25 petites minutes de jeu en troisième division. Pourtant, ce Sangermanois pure souche aujourd'hui à la tête de la commission séniors du PSG section amateur est à 58 ans le plus ancien joueur encore présent au club.


PSG70.com Richard Vanquelef, bonjour, pouvez-vous nous expliquer le parcours par lequel vous êtes arrivé au Paris Saint-Germain ?

Richard Vanquelef : « J'ai débuté à neuf ans dans l'équipe de ma commune (Le Pecq) jusqu'en 1967, lorsque j'ai rejoint le Stade Sangermanois en troisième division. J'avais 17 ans. C'était la grande époque du Stade, j'ai notamment participé au fameux quart de finale de la Coupe de France contre l'OM (29 mars 1969). A l'époque, j'étais un bon espoir du football francilien, notre entraîneur Roger Quenolle m'avait laissé entrevoir pas mal de choses pour mon avenir. Mais je me suis gravement blessé et j'ai du être écarté des terrains pendant trois ans. J'ai contracté un staphylocoque doré. Je l'ai mal soigné et ça s'est aggravé. J'ai recommencé à jouer tout doucement vers 22 ans ».



PSG70.com : Durant la saison 1972/73, vous êtes apparu pour la seule et unique fois sous le maillot du Paris Saint-Germain en équipe première. C'était lors d'un match de championnat (D3) contre Lucé (6-0), le 15 octobre 1972.

R.V. : « Oui, je n'ai joué que 25 minutes mais j'ai marqué un but. Après, j'ai refait quelques apparitions sur le banc mais je ne suis plus jamais entré en jeu. A vrai dire, je n'ai jamais vraiment trop analysé les raisons pour lesquelles je ne suis pas réapparu avec l'équipe première. Je sais que les places étaient très limitées, surtout en attaque. Il y avait beaucoup de concurrence, notamment avec André, Dossevi et Brost. Et puis, l'équipe jouait de façon plutôt défensive à l'époque et je commençais à être trop âgé pour être considéré comme un espoir. D'ailleurs je ne voyais plus le football de la même façon, je jouais un peu en dilettante, j'avais un métier à côté ».

 

« 80€ de prime de matches »



PSG70.com : Vous faisiez quel type d'activité ?

R.V. : « J'ai travaillé pour Air France à Orly et aujourd'hui Roissy. Je n'ai jamais été professionnel au PSG, je disposais d'un statut de « joueur promotionnel ». C'était tout nouveau à l'époque, c'était une sorte de compromis entre le statut amateur et professionnel. Avant cela, il était d'usage de payer les amateurs sous le manteau. Alors que là, nous étions officiellement rémunérés donc déclarés aux impôts... Nous recevions un petit salaire et des primes de match. Ce n'était pas d'un très haut niveau, de souvenir il me semble que ça devait tourner aux alentours de 300€ par mois avec des primes de victoire de 80€.»

L'équipe du Stade Sangermanois



PSG70.com : Vous quittez Paris dès la saison suivante ?

R.V. : « Oui, je suis ensuite parti pour Poissy en 1974 pendant trois ans. De nombreux joueurs de l'équipe réserve du PSG ont d'ailleurs fait l'aller-retour puisque nous avions connu l'entraîneur Roger Quenolle à Saint-Germain. Poissy était un peu le club rival qui tournait bien à l'époque. J'ai joué en troisième division puis j'ai quitté le club après la montée en deuxième division à l'issue de la saison 1976/77. Je suis ensuite revenu au PSG où je suis encore aujourd'hui. Je suis d'abord revenu en tant que joueur en DHR avec l'équipe 3 car l'équipe réserve était déjà dans l'équivalent de la CFA ou en CFA2 il me semble. Nous avons longtemps été le seul club avec une CFA et une CFA2. J'y ai joué jusqu'en 1984, date à laquelle je suis devenu entraîneur-joueur. Je suis encore descendu d'un niveau avec l'équipe en PH il me semble, peut-être même en excellence. En 1987, j'avais 37 ans, et Bernard Guignedoux, qui était responsable de la section amateur, m'a nommé « coordinateur technique » de toutes les équipes seniors de la section amateur jusqu'en 2002. Et puis, avec l'âge, on nous redonne les plus mauvaises places (rires), si bien que depuis six ans je suis président de la commission séniors de la section amateur.


« Habib Beye est issu du circuit amateur »



PSG70.com : En quoi consiste votre rôle aujourd'hui?

R.V. : « Il y a trois commissions dans la section amateur dont le président est Pierre Noguès. Les féminines, les juniors et les séniors dont je suis le président. Aujourd'hui, nous sommes premiers avec toutes nos équipes. L'équipe première en PH, l'équipe B en Excellence et l'équipe 3 en troisième division de District. C'est important que la section amateur reste à un bon niveau, pour épauler le Centre de Formation, et permettre aux joueurs non retenus en CFA ou en 18 ans de jouer à un niveau pas trop éloigné et ainsi ne pas repartir de zéro. Sur ce point nous travaillons en étroite collaboration avec Bertrand Reuzeau. Par exemple, cette saison, un joueur comme Marchetti est venu jouer avec nous lorsqu'il n'était pas retenu en CFA. De la même façon, Jérôme Audrain, ancien pensionnaire du Centre de Formation, est toujours là, il est resté au club et évolue avec la section amateur. Actuellement, il est blessé mais il a joué le premier tiers de la saison avec nous. Il avait même fait quelques matches en CFA en début de saison il me semble ».



PSG70.com : Y-a-t-il plus ancien que vous au club ?

R.V. : « Non, je pense être le plus ancien, mais il en reste d'autres comme Thierry Morin, directeur du CFA Omnisports, Jean-Luc Vasseur, l'entraîneur des 16 ans nationaux ou Pierre Reynaud, que nous avions fait venir de Chatou à l'époque pour jouer avec la section amateur. En deux mois, il avait démontré sa valeur, et s'était imposé avec l'équipe amateur puis la CFA puis avec le groupe pro. Cela arrive parfois qu'un joueur recruté pour la section amateur parvienne à percer. Malheureusement, c'est de plus en plus rare car cela veut dire que le joueur en question est passé entre les mailles du filet et les détections à 14, 15 ans. Le dernier exemple en date se nomme Habib Beye, qui a la carrière que l'on connaît. Il est issu du circuit amateur, il est passé outre les détections et n'a explosé que plus tard en junior. Malheureusement, il n'a pas pu intégrer le Centre de Formation. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir signalé qu'il avait du talent ».



PSG70.com : Vous qui avez vécu la fusion-création du PSG, puis la scission puis le nouveau PSG en D3, quels souvenirs gardez-vous de cette époque ? Etiez-vous amer contre les dirigeants parisiens qui ont utilisé le Stade Sangermanois pour monter en première division ?

R.V. : « J'ai connu les montées, j'étais assez proche du club puisque mon beau-père était Monsieur Fontenay, un responsable au club. Je vivais les « à côté », j'étais toujours en tribune mais je garde malgré tout un très bon souvenir de cette période. Il est certain que dans un premier temps, les dirigeants du Stade Sangermanois se sont sentis trahis par leurs homologues parisiens. Mais il y avait à l'époque une mentalité de club amateur qui voulait que l'on reconstruise tout sans se plaindre. Et puis le club s'est vite remis en route, j'ai vu les sponsors arriver petit à petit au fil des saisons. Il n'y a pas eu beaucoup d'amertume envers le Paris FC, ce n'est en tout cas pas ce qui dominait. En même temps, nous, joueurs n'étions pas directement concernés. Pour ma part, je voyais le football avant tout comme un plaisir donc je n'ai pas particulièrement été blessé par la scission ».

L'équipe de 1972/73 en Division 3 avec laquelle Vanquelef a participé à une rencontre de championnat



PSG70.com : Si vous deviez en retenir qu'un, quel souvenir garderiez-vous de toutes ces années au Paris Saint-Germain ?

R.V. : « Le meilleur souvenir, celui qui nous marquait lorsque nous avions 17, 18 ans, c'était « la journée club ». C'était une grande fête à laquelle tout le club participait, y compris les pros. Nous faisions un grand repas au Camp des Loges puis un tournoi de foot dans lequel nous pouvions jouer avec les pros. Les équipes étaient constituées de façon tout à fait homogène avec un joueur de chaque catégorie dans chaque équipe de toutes les divisions, de l'équipe pro aux 14 ans. Seuls les enfants avaient droit de tirer au but, les pros ne pouvaient que faire des passes. Il y avait même le match des dirigeants auquel participait le président Borelli. Ce sont vraiment de bons souvenirs, et puis la fête a été supprimée avec le temps. Mais il est question de la réintroduire, cela a été évoqué en début de saison, mais naturellement sans les pros. »

 

« Même au niveau amateur nous avons besoin que le club soit le mieux possible pour avancer »

 


PSG70.com : La section amateur a-t-elle encore contact avec la section professionnelle ?

R.V. : « Nous les croisons de temps en temps en début de saison lorsque les horaires concordent, ou lorsqu'ils viennent aux entraînements en camionnette. Mais bientôt, ce ne sera plus le cas puisqu'ils seront totalement indépendants avec leur nouveau vestiaire. Par contre, au niveau de la direction, nous gardons contact, notamment avec Bertrand Reuzeau. A l'époque, Guy Adam, qui était issu du circuit amateur, était aussi très proche de nous. Mais depuis, les gens ont changé, ce ne sont plus les même personnes, le métier est difficile et je pense qu'ils ont des choses plus importantes et plus urgentes à gérer que de s'occuper de la section amateur. On passe un peu au second plan. Bien sûr que nous serions toujours preneur d'une rencontre ou deux par an avec les pros. J'ai souvenance d'avoir vu Dahleb et Bravo venir nous rendre visite, mais ça fait un moment que c'est fini. Aujourd'hui, la seule relation que nous ayons avec le secteur professionnel, c'est un petit discours du président chaque année. »



PSG70.com : Quel est votre sentiment sur la situation actuelle du PSG ?

R.V. : « J'ai, je pense un peu le même sentiment que tout le monde, à savoir que c'est dommage qu'un club comme Paris ne puisse pas briguer l'unes des premières places. C'est difficile d'arriver chaque lundi au travail et de se faire chambrer lorsque l'on aime ce club. Maintenant, on peut se dire que ça ne sera pas pire la saison prochaine, mais c'est tout de même une grosse déception. Je suis un supporter très lucide, je ne vais pas m'en prendre aux joueurs. C'est simplement dommage car même à notre niveau en amateur nous avons besoin que le club soit le mieux possible pour avancer ».



PSG70.com : Enfin, Richard Vanquelef, tapez-vous encore dans le ballon de temps à autre ?

R.V. : « Non, j'ai arrêté. A un moment donné, on ne peut plus. Il m'arrive de jouer le dimanche matin mais c'est de plus en plus rare, et puis j'ai déjà fort à faire l'après-midi avec la section amateur ».


Propos recueillis par Maxime Pousset pour PSG70.com et PlanetePSG.com. Merci à Richard Vanquelef pour sa disponibilité.

 

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