Lionel Potillon  : « Je n'ai jamais perdu contre l'OM »

 

Il est de ceux dont on parle peu et dont on ne mesure pas l'importance. Pourtant, la présence de Lionel Potillon dans le système de jeu de Luis Fernandez entre 2001 et 2003 était plus que précieuse. Auteur de 76 rencontres en deux saisons, il a animé avec Laurent Robert un jeu qui penchait déjà sur le côté gauche. Indiscutable à l'AS Saint-Etienne, il laisse au PSG le souvenir d'un joueur de devoir travailleur et discret qui a toujours su répondre présent.



PSG70 : Lionel Potillon bonjour et merci de répondre à nos questions. Vous arrivez au Paris Saint- Germain en 2001 en compagnie de trois autres joueurs de l'AS Saint-Etienne (Alonz, Alex et Aloisio ). Ce facteur vous a-t-il aidé dans votre acclimatation ?

Lionel Potillon : « Non, pas du tout. Je suis arrivé le premier, j'étais en fin de contrat avec Saint-Etienne et je savais que j'irai au PSG dès le mois de mars. J'étais là dès la reprise, fin juin. Les autres sont arrivés au fur et à mesure, durant le stage à Jerez. Mais globalement, je n'ai pas eu trop de difficultés à m'acclimater à la vie parisienne et au contexte parisien. Au contraire, j'étais même plus tranquille à Paris qu'à Saint-Etienne. J'étais là-bas depuis huit ans, les gens me reconnaissaient dans la rue, et dans les magasins, dès que j'achetais quelque chose on regardait… A Paris j'étais plutôt tranquille de ce côté-là. »


PSG70 : Que retenez-vous de votre passage au PSG ?

L.P. : « J'ai passé deux années extraordinaires à Paris, j'ai eu la chance de connaître Luis Fernandez et un groupe qui avait un super état d'esprit et qui vivait très bien ensemble. Par exemple, lors des mises au vert, après le repas, chacun part faire sa sieste, c'est à peu près comme ça que ça se déroule dans tous les clubs pros. Mais il est arrivé à plusieurs reprises au PSG qu'après manger on reste tous à table à parler ensemble. C‘était à Luis de dire « Bon les gars ce soir on a un match, on va peut-être aller faire la sieste ». On était tellement bien ensemble qu'on voulait rester et profiter les uns des autres. J'ai énormément apprécié travailler avec Luis Fernandez . Je dis souvent que j'ai eu la chance de jouer sous la direction de deux grands entraîneurs, Luis au PSG et Raynald Denoueix à la Real Sociedad. Deux caractères totalement différents mais deux grands entraîneurs. »



« Ronaldinho faisait avec une boîte de strapping ce que je ne savais pas faire avec un ballon ! »



PSG70 : Mais si ce groupe vivait si bien, comment expliquez-vous le gâchis qu'a rencontré cette équipe qui était pourtant exceptionnelle sur le papier ?

L.P. : « Je l'explique par la déstabilisation des médias d'une part et par la préparation de la saison suivante par Canal + qui avait décidé d'introniser Vahid Halilhodzic à la place de Luis. Nous étions tous au courant six mois avant que Luis ne serait pas reconduit. Lui aussi d'ailleurs. Nous savions que Vahid Halilhodzic reprendrait sa place à l'issue de la saison. C'est ce qui nous a fait passer une mauvaise fin de championnat. Mais la première saison (2001/02) a été plutôt réussie pour un groupe composé de nombreux nouveaux joueurs. Si mes souvenirs sont bons, nous n'avons perdu que cinq matches toutes compétitions confondues (NDLR : en réalité le PSG a perdu cette saison-là à huit reprises dont six en championnat). Nous avons joué l'Intertoto, la Coupe de France la Coupe de la Ligue, la Coupe UEFA et le championnat. On a dû faire 54 ou 55 matches (NDLR : 56 matches en réalité). Par contre nous avons fait beaucoup de matches nuls mais c'était plus que positif pour ce groupe et plutôt de bon augure pour la saison suivante. Le seul point négatif est que nous ayons terminé à un point d'une qualification en Ligue des Champions. »



PSG70 : Durant vos années au PSG, quel joueur vous a le plus impressionné ?

L.P. : « Ronaldinho. C'était un phénomène techniquement. Je me souviens qu'il faisait dans les vestiaires avec une boîte de strapping des gestes que je ne savais pas faire avec un ballon ! »


PSG70 : Pourtant il s'est montré irrégulier à Paris...

L.P. : « Mais s'il a été irrégulier avec le PSG c'est qu'il était très jeune. Il n'avait que 20 ou 21 ans, c'était sa première expérience en Europe. On lui en demandait beaucoup trop, il ne pouvait pas être aussi régulier tant mentalement que physiquement qu'un joueur de 24 ou 25 ans. Mais on a vu lorsqu'il est parti à Barcelone qu'il a vraiment explosé en gagnant notamment le Ballon d'Or. »



« Vahid m'a passé du cirage sur les pompes pour que je resigne »



PSG70 : En tant que défenseur, y a-t-il eu dans votre carrière un attaquant que vous redoutiez particulièrement ou contre lequel vous n'aimiez pas jouer ?

L.P. : « Non pas particulièrement. Il m'est arrivé de faire de mauvais matches avec Paris, j'ai eu des difficultés mais jamais contre le même adversaire ou le même joueur, il n'y avait pas un joueur en particulier que je redoutais. »


PSG70 : Vous avez connu Geoffroy Guichard et le Parc des Princes. Quel stade trouvez-vous le plus impressionnant ?

L.P. : « Ce sont deux stades aux ambiances extraordinaires. Le Parc mais aussi Geoffroy Guichard sont fermés, donc au niveau de l'ambiance ça résonne énormément. Par exemple, on parle souvent du Vélodrome mais ce n'est pas si impressionnant que cela pour nous joueurs sur la pelouse. Même lorsqu'il y a beaucoup de monde, le fait que le stade soit évasé fait partir le bruit. Il y a d'ailleurs eu un sondage récemment, et fort logiquement, le Parc est le stade préféré des footballeurs du championnat. C'est un stade magnifique qui respire le football et dans lequel il y a eu de grands événements. C'est un bonheur d'y jouer. »



PSG70 : Vous quittez Paris en 2003 après deux rencontres jouées avec le nouveau PSG de Vahid Halilhodzic et Francis Graille . Pourquoi ?

L.P. : « Oui, ce fut une surprise pour moi de partir. Lorsque Vahid est arrivé en juin, il m'a fait la cour assidûment. J'étais déjà en contact avec la Real Sociedad mais il voulait à tout prix me conserver. Il m'a passé du cirage sur les pompes pour que je resigne, ce que j'ai fini par faire. J'ai resigné pour quatre ans. Et dès le jour de ma signature son comportement a radicalement changé à mon égard. J'ai alors reconsidéré l'offre de la Real et je suis parti en prêt. Mais s'il n'était pas venu au PSG je pense que j'y serais encore aujourd'hui. En tout cas ça aurait été mon souhait. »


PSG70 : Même à l'issue de votre prêt vous ne vouliez pas rejouer sous ses ordres ?

L.P. : « Non, ce n'était plus possible. Mais je n'étais pas le seul dans ce cas. Plusieurs joueurs charismatiques ont tout fait pour quitter le PSG, je pense à Jérôme Leroy ou Gabriel Heinze notamment, et j'en oublie d'autres. »



PSG70 : Quel est le plus beau match de votre carrière ?

L.P. : « A Paris, c'est la victoire 3-0 à Marseille (NDLR : 9 Mars 2003, 30 ème journée de Ligue 1). Ca avait été un grand moment, nous avions été tous très bons. Avec Saint-Etienne, c'est une victoire 5-1 contre Marseille (NDLR : 12 décembre 1999, 19 ème journée de Ligue 1), à Geoffroy Guichard où j'ai marqué le deuxième but (NDLR : à la 10 ème minute). »


PSG70 : Décidément. Vous avez un sentiment particulier contre l'OM ?

L.P. : « Non (rires), pas du tout mais je n'ai jamais perdu contre l'OM de toute ma carrière, que ce soit avec Saint-Etienne, le PSG ou Sochaux. »


PSG70 : Vous ne voudriez pas revenir à Paris pour jouer ces deux matches annuels ?

L.P. : « Oui (rires). Enfin de ce côté-là le PSG était plutôt en réussite à l'époque. Je crois me souvenir que le match tournait souvent à notre avantage. Enfin, avec la Real Sociedad, mon meilleur souvenir c'est une victoire 4-1 à Santiago Bernabeu contre le Real Madrid qui jouait la qualification pour la Ligue des Champions. Avec notre victoire, nous les empêchons de se qualifier. »



« Il ne faut pas que des joueurs de devoir deviennent des stars par manque de vraies stars dans l'effectif »



PSG70 : Et votre plus grand regret ?

L.P. : « Je n'ai pas de regrets particuliers, si ce n'est que si Luis n'était pas parti et que Vahid ne l'avait pas remplacé je serais resté beaucoup plus longtemps au PSG, car j'étais très très bien dans ce club. Tant au niveau de l'ambiance qu'au niveau de la vie qui plaisait bien à ma famille. J'arrivais bien à gérer les relations avec les médias dans la mesure où je n'étais pas une star donc on me laissait un peu tranquille, on ne s'en prenait pas trop à moi (rires). Mais de toute façon à Paris il faut des stars mais aussi des joueurs de l'ombre, des joueurs de devoir, des porteurs d'eau comme je l'étais. Mais il ne faut pas que des joueurs de devoir deviennent des stars par manque de vraies stars dans l'effectif. »


PSG70 : Vous dîtes ça par rapport à la situation actuelle ?

L.P. : « Je ne sais pas, je ne connais pas suffisamment cette équipe pour en juger mais selon mon point de vue, il y a beaucoup de bons jeunes. Des joueurs comme Chantôme ou Clément par exemple sont des joueurs de devoir et non des stars. Les supporters parisiens sont exigeants mais connaissent bien le football. Malgré la situation délicate, ils savent que cette équipe a de la qualité, du potentiel et qu'il faut du temps pour asseoir une base solide. En tout cas je souhaite que le PSG reste en Ligue 1 de tout cœur, ce serait particulier de ne plus avoir cette équipe dans le championnat. »



« Ca a été un crève-cœur de partir »



PSG70 : Quelle qualité faut-il avoir pour s'imposer au PSG sans avoir « un nom » comme c'était votre cas ? Quels conseils donneriez-vous aux joueurs qui peinent à s'imposer au PSG aujourd'hui ?

L.P. : « De ne pas se prendre pour des stars et de rester là où ils sont, de travailler et de faire abstraction de tout ce qu'il y a autour. Je pense que le travail finit toujours par payer. Si j'ai un conseil à leur donner, c'est de bien en profiter, de vivre pleinement, de croquer à pleines dents leur expérience au PSG car on se rend compte que c'est un grand club lorsqu'on s'en va. Personnellement ça a été un crève-cœur de partir. Certains n'ont pas le recul, la franchise envers eux-mêmes. Ils n'arrivent pas à faire leur autocritique et à accepter les critiques des médias. Moi je n'ai pas eu ce souci, j'ai fait des erreurs, j'en étais conscient, mais je ne tenais pas rigueur de ce qui se disait. »


PSG70 : Que pensez-vous du traitement médiatique du PSG par rapport aux autres clubs ?

L.P. : « C'est le club de la capitale, il a naturellement une couverture médiatique plus importante, c'est normal. Ce que je regrette cependant c'est qu'en France il n'y ait pas un nombre important de journaux traitant du football. On va être clair, il n'y a pour le PSG que L'Equipe et Le Parisien. Le fait qu'ils soient presque seuls les autorise à faire des choses qu'ils n'auraient pas forcément faites s'ils étaient plusieurs. Par exemple, sortir l'ensemble des fiches de paye des joueurs dans Le Parisien le jour du match contre l'OM, si ce n'est pas de la déstabilisation je ne sais pas ce que c'est ! C'est dégueulasse de faire ça le jour du match et ça en dit long sur ce qu'ils sont capable de faire. »




PSG70 : Enfin, Lionel Potillon, que faîtes-vous depuis votre fin de carrière ?

L.P. : « J'ai arrêté en juin dernier et je suis reparti vivre à Saint-Etienne. Je travaille au service Marketing de l'AS Saint-Etienne pour deux ans. Je joue de temps en temps pour les anciens Verts ou l'équipe de l'administration du club mais je n'ai pas de licence en club. En même temps, je suis un Master de développement marketing et économie du sport professionnel à l'Université de Rouen , une semaine par mois. Mon travail consiste à trouver des moyens de mettre les joueurs dans les meilleures dispositions. Pour l'instant je pense à passer mon diplôme, je suis là pour deux ans, on verra ensuite. Je ne sais pas ce que je ferai après, peut-être que je reviendrai au PSG (rires).



Propos recueillis par Maxime Pousset pour PSG70.com et PlanetePSG.com. Merci aux membres du forum PlanetePSG.com pour leurs questions ainsi qu'à Lionel Potillon pour sa disponibilité.

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Lionel Potillon

Né le 10/02/1974 à Cluny (71)

Defenseur latéral gauche

1.79m - 76kg

Numéro : 3

Parisien de 2001 à 2003 (78 matches - 2 buts)

  Championnat Coupe France Coupe Ligue Coupe Europe TOTAL
Saison Joué(s) But(s) Joué(s) But(s) Joué(s) But(s) Joué(s) But(s) Joué(s) But(s)
01-02 25 0 3 0 2 0 11 1 41 1
02-03 26 0 5 1 1 0 3 0 35 1
03-04 2 0 0 0 0 0 2 0
TOTAL 53 0 8 1 3 0 14 1 78 2

International Cadet, Juniors puis Espoirs

Palmarès : CHAMPION DE FRANCE D2 1999 (Saint-Etienne) ; VAINQUEUR DE LA COUPE INTERTOTO 2001 (PSG) ; VAINQUEUR DE LA COUPE DE FRANCE 2007 (Sochaux)

CLUBS

USC Cluny (1979-1987)

CS Louhans-Cuiseaux (1987-1993)

AS Saint-Etienne (1993-2001)

Paris SG (libre) (2001-aout 2003)

Real Sociedad (prêt) (aout 2003-juin 2004)

FC Sochaux (650 000€) (2004-2007)

arret en juin 2007

AS Saint-Etienne (Service Marketing) (2007-...)

Prépare un Master de développement marketing et économie du sport professionnel à l'université de Rouen (2007-...)

 

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