Mario Mongelli  : « J'ai remplacé Dahleb»

 

Auteur d'une seule petite apparition en première division avec le Paris Saint-Germain lors de la saison 1978/79, Mario Mongelli reste un grand supporter du club rouge et bleu mais aussi du Paris FC, l'autre club de son cœur. Aujourd'hui gérant d'un commerce de scooters dans l'Essonne, il revient sur ses années parisiennes avec un grand plaisir.

PSG70.com : Mario Mongelli bonjour. Vous êtes un joueur méconnu de l'histoire du Paris Saint-Germain. Pouvez-vous nous décrire le parcours qui vous a mené sous le maillot du rouge et bleu ?

Mario Mongelli : « J'ai commencé le football très tard. Vers 14 ans j'ai signé pour le FC Morangis Chilly (91) en catégorie minimes, puis en cadets et juniors en 1976. Cette saison là justement, nous avons réalisé un bon parcours en Coupe Gambardella. Nous sommes parvenus à sortir de la ligue Paris et jouer contre Saint-Etienne que nous avons battu à Geoffroy Guichard en levé de rideau d'un Saint-Etienne-OM. Ce soir là, j'ai marqué deux buts et nous l'avons emporté 2-1. A partir de là, je me suis fait contacter par Pierre Garonnaire le recruteur de Saint-Etienne et René Baule, son homologue du PSG. J'avais le choix entre les deux clubs ».

 

PSG70.com : Et vous avez choisi le PSG.

M.M : « Oui, j'ai choisi Paris pour deux raisons. Premièrement parce que je suis parisien et que je vivais en Ile-de-France. Mais aussi parce que je connaissais bien Jean-Marc Pilorget qui est lui aussi sorti de Morangis. Il était au PSG depuis déjà un an et m'avait vanté les mérites de ce club. Je suis arrivé au PSG pour la saison 1977/78 en tant que stagiaire professionnel avec l'équipe réserve en D3. Nous avions un groupe fantastique avec les Tanasi, Jean, Lemoult, Toffolo, les frères Brisson ou encore Luis Fernandez. Cette saison là, nous terminons 4 ème et finalistes de la Coupe Gambardella contre l'INF Vichy (défaite 3-1). La saison suivante, je suis reparti avec l'équipe réserve, mais en cours de saison, l'entraîneur de la première, Velibor Vasovic a voulu sanctionner les attaquants titulaires, à savoir Dahleb et Bianchi après une série de deux défaites. Je venais dans le même temps de marquer le but de la victoire en réserve contre Saint-Quentin (1-0), il a donc décidé de m'appeler, moi ainsi que Bernard Bureau pour jouer avec l'équipe première. Il nous a bien précisé que cela allait être dur pour nous puisque le match en question était contre Saint-Etienne, mais qu'il nous sélectionnerait aussi pour les trois ou quatre matches suivants, le temps de faire nos preuves. J'ai même une photo qui a fait la Une de « France Soir » dans laquelle je pose avec Dahleb avant ce fameux match à Saint-Etienne et où il m'encourage ».

« Nous avons perdu 4-1 et la semaine suivante en Coupe de France contre la Roche-sur-Yon il ne m'a pas rappelé, il ne m'a jamais rappelé, ce fut mon seul match avec l'équipe première. Sans doute a-t-il reçu des pressions, toujours est-il qu'il n'a pas pu tenir sa parole ».

PSG70.com : Votre aventure au PSG se termine la dessus et vous partez en fin de saison pour le Paris FC.

M.M. : « Oui, c'était juste après l'affaire de la « Double Billetterie » et du départ de Daniel Hechter au profit de Francis Borelli. Dans ce contexte instable, tous les joueurs en fin de contrat n'ont pas été conservés. Il y avait Philippe Jean, Bernard Moraly, Franck Tanasi et moi-même. Nous avons tous les quatre signés au Paris FC en deuxième division. Je ne pense pas qu'il y eut une volonté de recruter collectivement au PSG. Chaque affaire s'est faite individuellement. »

 

PSG70.com : Etait-ce une déception de quitter le PSG ?

M.M. : « Sur mon passage au PSG je n'ai pas trop de regrets. J'ai vécu deux grandes saisons avec des gens formidables. Je regrette simplement de ne pas avoir pu jouer ces fameux trois ou quatre matches avec l'équipe première. Mais très franchement, je n'aurai jamais pu devenir titulaire au PSG ni même en première division d'ailleurs. J'avais un bon pied droit, je dribblais plutôt bien, j'étais assez technique, j'allais vite mais mon pied gauche n'était pas assez bon pour jouer en première division, et puis le poste d'attaquant demande beaucoup. J'aurais pu jouer quelques matches mais il faut dire que la concurrence avec Dahleb et Bianchi était plus que difficile pour le jeune joueur que j'étais. Et même si je faisais de bons matches avec la réserve, c'était plus souvent Hervé Porquet qui était appelé avec les pros ».

De gauche à droite : Michel Corre, Franck Merelle, Patrick Valente, René Baule, Gil Buissonneau, Mario Mongelli et Gilles Brisson devant le Centre de Formation

PSG70.com : Donc vous poursuivez votre carrière dans l'autre club parisien.

M.M. : « Oui, j'ai passé deux saisons au Paris FC sous la houlette de Roger Lemerre. J'ai, là encore passé de bons moments, avec notamment une première saison (1979/80) où nous terminons 4 ème de D2 et demi-finalistes de la Coupe de France. Nous sommes éliminés bêtement par Orléans. Nous perdons 3-1 là-bas et au match retour au Parc, nous menons 2-0 à quelques minutes de la fin. Notre libero fait une erreur, il passe la balle au gardien. Une passe trop mole interceptée par l'attaquant adverse qui réduit le score. 2-1, Nous sommes éliminés et Orléans va en finale contre Monaco (NDLR : victoire monégasque 3-1 en finale). Ma deuxième saison au Paris FC s'est moins bien passée. Je ne m'entendais plus très bien avec Roger Lemerre. Je suis parti la saison suivante à Fontainebleau qui venait de monter en D2. Nous avons fait une belle première saison, mais là encore, la deuxième saison s'est mal passée. Fontainebleau a eu des problèmes financiers et s'est fait relégué. Nous n'avons pas été payés les six derniers mois et j'ai été obligé de quitter le club ».

 

PSG70.com : Direction le Nord et Dunkerque.

M.M. : « Je quittais l'Ile de France pour la première fois de ma carrière. L'acclimatation fut très difficile dans le Nord. Je me souviens pour l'anecdote que j'étais venu quelques années plus tôt jouer à Dunkerque avec le PSG et je m'étais dit que jamais plus je ne remettrais les pieds dans cette ville. Ironie du sort, j'y signe quelques années plus tard…Sportivement ça n'a pas été terrible, mais humainement cela reste un bon souvenir. Les mentalités sont différentes, et puis c'est là-bas que j'ai rencontré ma femme. Je n'y suis resté qu'une saison avant de resigner une licence amateur avec Paris FC qui était alors redescendu en DH pour la saison 1985/86. J'avais 27 ans. Nous avions une très grosse équipe qui pouvait monter immédiatement. Plusieurs joueurs étaient d'anciens pros tels que Philippe Jean un ancien du PSG qui était lui aussi revenu. Mais au bout du troisième match contre Vincennes, je me suis fait une triple fracture de la jambe le jour de mon anniversaire et j'ai dit adieu à ma carrière. J'ai malgré tout repris la saison d'après en 1986/87 pendant 6 mois mais je n'ai jamais retrouvé mon niveau. Le Paris FC est tout de même monté deux ans plus tard avec Pierre Lechantre ».

 

« A l'époque, Luis n'était pas le meilleur »

 

PSG70.com : Vous avez alors tout arrêté ?

M.M. : « Oui et puis pendant ma convalescence, j'ai ouvert un commerce de vente de motos et scooters appelé « Aux 4M » (pour Mongelli Michel, Mongelli Mario) que je gère toujours avec mon frère à Chilly-Marazin. J'ai tout de même resigné au FC Morangis Chilly en 1987 car le terrain me manquait. J'ai fait une saison comme entraîneur-joueur en DSR mais je me suis vite rendu compte que je ne pouvais plus jouer. J'ai eu beaucoup de blessures durant ma carrière. Au dos, à la jambe….j'ai même une prothèse de hanche. Et puis entraîner ce n'était pas trop mon truc à cette periode de ma vie.  ».

Mario Mongelli à l'occasion de PSG-Douai, match comptant pour le championnat de Division 3 1978.

PSG70.com : La récurrence des blessures. C'est ce que j'ai déjà pu constater en interviewant des joueurs de votre génération.

M.M. : « Oui mais il faut dire qu'à l'époque nous n'avions pas le même suivi médical, pas la même alimentation non plus d'ailleurs. Nous faisions ce que nous voulions après les matches. Nous allions en boîte de nuit ensemble, entre joueurs. Ca contribuait d'ailleurs à renforcer l'amitié entre nous. Je pense que tous mes ex coéquipiers vous l'ont dit, nous ne jouions pas pour l'argent. C'était une autre époque. Tout était plus accessible. Aujourd'hui au Camp des Loges c'est difficile d'entrer. A l'époque non. Les joueurs de D1 s'entraînaient à côté de nous les stagiaires pro. Je me souviens que l'argentin Heredia qui venait d'arriver, faisait des dérapages au frein à main sur le terrain du Camp des Loges avec son coupé Mercedes. Après l'entraînement, nous montions avec lui et nous faisions des sorties ensemble sur Paris. Nous étions un groupe soudé. J'étais très ami avec Franck Tanasi, Philippe Jean et Luis Fernandez. D'ailleurs, Luis n'était pas le meilleur d'entre nous à l'époque. Il a monté en puissance au fur et à mesure, mais au départ, le meilleur c'était Franck Tanasi qui jouait milieu de terrain. Il a été ensuite replacé latéral gauche ».

 

PSG70.com : Une carrière ne se joue finalement pas à grand-chose…

M.M. : « Oui, il y a une part de chance, de la réussite aussi, et bien sur le talent. Mais une blessure par exemple peut tout faire tomber à l'eau. Par exemple, je suis persuadé que si nous avions été en finale de la coupe de France avec le Paris FC, tout aurait été ensuite différent pour bien des joueurs de cette équipe. Ma carrière commençait bien. J'ai été lancé en première division à 20 ans, demi-finaliste de la Coupe de France à 22 ans... Après je n'ai peut être pas su faire les bons choix de carrière. Il faut dire qu'à l'époque il n'y avait pas d'agent. C'est arrivé plus tard tout ça. Nous étions livrés à nous même. Avec un agent, j'aurais probablement signé pro au Paris FC, Là, j'ai seulement signé une licence promotionnelle alors que je jouais et m'entraînais normalement avec le groupe pro, je n'ai même manqué aucune rencontre cette saison là en D2. J'étais jeune, je me suis fait un peu avoir, car avec un contrat pro, j'avais la garantie de signer pour quatre ans. A l'époque, on devait obligatoirement se voir proposer un contrat professionnel après 15 matches joués. Mais le club m'avait proposé un contrat promotionnel un petit peu mieux payé pour que je ne signe pas pro. Je n'ai pas eu la réflexion que j'aurais pu avoir si j'avais eu un agent. Je n'ai finalement été professionnel qu'a Dunkerque ».

 

« Pour réussir à Paris il faut être au moins une fois et demie plus fort »

 

PSG70.com : Quel joueur, entraîneur ou dirigeant vous a le plus impressionné lors de votre passage au PSG, que ce soit sportivement ou humainement ?

M.M. : « Le plus fort reste pour moi Dahleb. Un homme très gentil et facile d'abord, c'est vraiment un monsieur. Sinon je pense que tout le monde doit dire la même chose mais Francis Borelli était aussi quelqu'un de d'exceptionnel. J'ai une anecdote à son sujet. Il faut savoir que je ne l'ai pas connu longtemps, seulement l'espace d'une saison en tant que stagiaire pro avec l'équipe réserve. Deux ans après mon départ du PSG, je l'ai croisé à la gare de Lyon au retour d'un match avec le Paris FC. Je lui ai dit bonjour, et il m'a répondu «  bonjour monsieur Mongelli  ». Il ne m'a aperçu qu'une saison mais il se souvenait de mon nom. C'est quelque chose qui m'a marqué. Je suis allé récemment voir PSG-Rennes pour le match en son hommage. Malgré la défaite, ce fut un moment très fort. Les deux minutes de silence ont été extraordinaires ».

 

Une de l'Equipe avant un match de Coupe de France entre le Paris FC et Auxerre puis affiche pour PSG - Le Touquet avec Fernandez, Mongelli et Tanasi

 

PSG70.com : A ce sujet, retournez-vous souvent au Parc ? Restez-vous supporter du Paris Saint-Germain ?

M.M. : « Oui, bien entendu. Je vais voir pratiquement tous les matches en tribune Paris grace à Patrick un ami. Je reste un supporter du PSG. J'espère que l'équipe va se redresser rapidement. La situation que connaît le PSG est pour moi la même que pour toutes les équipes de Ligue 1 à un moment ou à un autre, sauf une équipe, l'Olympique Lyonnais. Pour moi, toutes les équipes se valent à part l'OL. Cette saison j'ai vu beaucoup de matches au Parc, et à part Bordeaux peut-être, aucune ne m'a semblée meilleure qu'une autre. Il faut des grands joueurs pour que le PSG retrouve son rang, pour qu'il refasse vibrer son public. Il y a un problème de dirigeants dans ce club depuis pas mal d'années déjà. Ce n'est pas possible qu'une ville comme Paris n'arrive pas à construire quelque chose. Paul Le Guen est un bon entraîneur, cependant, je pense qu'il a fait une erreur en lançant massivement des jeunes dans le grain bain à un moment où l'équipe ne tournait pas bien. A 19 ans, on ne peut pas sauver une équipe qui coule, à moins de s'appeler Benzema. Et encore, avant d'arriver à ce niveau, il a dû patienter longtemps à faire des bouts de matches. La grosse erreur de Le Guen est pour moi d'avoir nommé Mamadou Sakho capitaine. Même s'il l'a fait pour vexer les plus vieux, je crois que c'est dangereux pour le jeune en question. Pour preuve, il a joué quelques matches avant de sortir de l'équipe et de ne plus rejouer. Ce statut était trop lourd à porter. De façon générale, pour réussir à Paris il faut être au moins une fois et demie plus fort que les autres. NGog, Sakho et les autres semblent être de bons jeunes, mais il faut les lancer dans un contexte plus favorable, sinon ils vont partir éclater ailleurs comme Leroy et Cana. A Paris, toutes les équipes viennent pour faire quelque chose. C'est la capitale, il y a les médias, c'est important de briller pour un joueur adverse. Même avec le Paris FC nous connaissions ça en division 2 ».

 

PSG70.com : Enfin pour conclure, Mario Mongelli, vous arrive-t-il encore de rechausser les crampons ?

M.M. : « Oui, j'ai repris une licence vétérans au FC Morangis Chilly lorsque j'avais 35 ans. Le football me manquait trop. J'ai été entraîneur-joueur de l'équipe vétéran A, nous jouons dans la plus haute division, en DH. Aujourd'hui j'ai 49 ans, je ne joue plus, je suis seulement entraîneur mais j'ai toujours une licence. Je tape seulement dans le ballon à l'entraînement ou je joue de temps en temps avec les plus de 45 ans. C'est toujours un très grand plaisir. Je souhaite d'ailleurs à tous les anciens pros de vivre ce que je vis aujourd'hui avec les vétérans. J'ai l'amour du football, je ne joue que pour le plaisir et j'espère que les générations actuelles auront le même état d'esprit après leur carrière. »

 

Propos recueillis et retranscrits par Maxime Pousset pour PSG70.com. Un grand merci à Mario Mongelli pour sa gentillesse, sa disponibilité ainsi que pour ces photos exclusives.

Article du Parisien

L'équipe de Division 3 au grand complet. Nous rentrions manger ensemble tous les midis et tous les soirs après l'entraînement. Le petit garçon au milieu n'est qu'autre que Jérôme Alonzo. , fils de Pierre Alonzo qui était directeur du Centre de Formation et entraîneur de l'équipe junior Gambardella. C'était un petit peu notre mascotte. De gauche à droite : Didier Toffolo, Philippe Jean, Jerôme Lorant, Patrick Leclerc, Pinard, Gil Buissonneau, Bernard Bureau, Karl Kroener, Franck Merelle, Mario Mongelli, Franck Tanasi , Gilles Cardinet, Jean-Claude Lemoult et Patrick Reverdy.

Equipe réserve en Division 3 (Groupe Nord) terminant deuxième du championnat. Debout, de gauche à droite : debout de gauche a droite Didier toffolo, Bernard Moraly, Jean-Pierre Bade, Pinard, Lionel Justier et Michel Benssousan. Accroupis, de gauche à droite : Michel Corre ,Philippe Reverdy, Jean-Claude Lemoult, Mario Mongelli et Jean-Michel Larqué

Equipe junior finaliste de la Coupe Gambardella 1977/78. Debout, de gauche à droite : Didier Toffolo, Franck Merelle, Philippe Reverdy, Yannick Guillochon, Pinard et Thierry Perfetti. Accroupis, de gauche à droite : Patrick Leclerc, Franck Tanasi, Mario Mongelli, Gilles Cardinet et Gil Buissonneau

Equipe réserve 1977/78 évoluant en D3 renforcée ici par de nombreux pros. Debout, de gauche à droite : Alonzo, Tanasi, Justier, Brisson.G, Merelle, Lorant, Bureau, Bajoc, Porquet. En bas de g a droite : Reverdy, Moraly, Larqué, Mongelli, Lemoult

 

haut