Michel Marella : « A Paris, c'était un grand plaisir »

 

Joueur méconnu d'une époque méconnue, Michel Marella, aujourd'hui agent immobilier sur la Côte d'Azur a inscrit 14 buts en 3 saisons sous le maillot parisien et peut être considéré comme l'un des principaux artisans des deux fantastiques remontées du Paris Saint Germain de D3 à D2 en 1973 puis de D2 à D1 en 1974.

 

PSG70 : Michel Marella, comment êtes vous arrivé au PSG en 1972 ?

Je suis originaire de Grasse dans les Alpes Maritimes. J'ai joué en jeunes à l'AS Cannes, club avec lequel j'ai même joué en pro. J'avais alors 17 ans. J'ai joué jusqu'en 1964 puis j'ai complètement arrêté le football pendant 3 ans. J'ai alors joué au tennis et aux boules puis je suis parti à l'armé au Fort Carré à Antibes, l'équivalent de l‘INSEP. A l'armé, j'ai brièvement joué à Issoire en DH avec des copains. J'ai ensuite du venir sur Paris. J'avais un ami corse qui voulait que je vienne jouer avec lui à l'AS Banque de France. Je suis venu, et quelques temps plus tard, Camille Choquier, alors gardien de but du PSG est venu me voir pour me demander de venir jouer avec lui au PSG qui venait de se faire rétrograder en D3 après la scission avec le Paris FC. Il me connaissait, m'avait vu jouer à l'AS Cannes. C'est comme cela que tout s'est fait.

 

PSG70 : Comment les supporters ont vécus la scission entre le PSG et le Paris FC ? Sont-ils partis en D1 avec le PFC ou restés avec le PSG en D3 ?

On était repartis en D3. On jouait sur un terrain d'entraînement au Camp des Loges à Saint Germain en Laye devant 500 ou 600 personnes maximum. L'équipe était composée de nouveaux et de joueurs réserves du PSG qui était devenu le Paris FC, le nouveau club de la capitale, celui qui jouait au Parc des Princes, celui que les parisiens supportaient. Nous, malgré le nom de Paris Saint Germain, nous étions le club de Saint-Germain en Laye jusqu'en 1974, année ou le PSG remonta en D1 et où l'on croisa le Paris FC relégué.

PSG70 : Comment a été vécu la première remontée de D3 à D2 après la victoire 3-0 contre Vannes le 6 mai 1973 (dont vous êtes l'un des buteurs)

Ca fait longtemps vous savez (rires). C'était à Vannes, je m'en souviens. Mais si on est monté cette saison là, c'est grâce au désistement de Quevilly qui a refusé de monter. Ils étaient premiers et nous seconds.

 

PSG70 : Comment l'équipe à telle vécu les changements d'entraîneur (Vicot par fontaine), puis de président (Patrelle par Hechter) à l'aube de la saison 73/74?

C'est toujours pareil, quand un club monte en division 2, il prend des dimensions différentes. Henri Patrelle a fait venir Daniel Hechter qui est venu avec son équipe dont Justo Fontaine comme Directeur Sportif. Robert Vicot était toujours l'entraîneur en charge du physique mais il état chapoté par Fontaine. Hechter état lui le vrai patron. Après c'est vrai qu'il y a eu des petits conflits entre Hechter et Patrelle, ils étaient à deux pour une place. C'était un peu «  qui voulait devenir Calife à la place du Calife  ». Tout a été réglé quand Patrelle est devenu président d'honneur, une sorte de voie de garage. Mais heureusement qu'Hechter a débloqué les fonds nécessaires. Je dois avouer que le PSG a eu de la chance avec cet apport. Si on est monté, c'est en grande partie grâce à lui.

 

« Du jour au lendemain je pouvais dire au revoir, dire que je préférais partir à la pêche le dimanche »

 

PSG70 : Le 11 novembre 1973, Le PSG joue pour la première fois de son histoire au Parc des Princes. C'était contre le Red Star en levé de rideaux de PFC-Sochaux. Comment cela a-t-il été vécu par les joueurs ?

On était habitué à jouer devant 500 spectateurs, et là on se retrouve tout à coup en levé de rideau au Parc des Princes. On passe de 500 à 20 000 personnes. Ca galvanise forcement un peu. On joue maintenant sur un vrai terrain de football, et non pus des terrains d'entraînement. On a d'ailleurs terminé le championnat et la Coupe de France pour de nombreux matches au Parc des Princes, dont le match retour des barrages contre Valenciennes.

 

PSG70 : Justement, quelques mois plus tard, c'est le match retour de barrage contre Valenciennes au Parc des Princes. Vous l'emportez 4-2 (vous êtes encore l'un des buteurs). Comment cette victoire a-t-elle été vécue ? Est-ce le meilleur souvenir de votre carrière ?

On perd 2-1 la bas au match aller et on gagne 4-2 au retour en ayant été mené 2-1. Je marque le troisième but qui nous permet de relancer la machine avant que Jean-Pierre Dogliani marque ce but très contesté ( NDLR : Dogliani inscrit un but à la limite du hors jeu qui fera couler beaucoup d'encre ). Je ne peux sincèrement pas dire s'il était hors jeu. Toujours est il qu'il a été validé et qu'il a compté. C'était un plaisir fabuleux de gagner de la sorte dans un sport collectif. C'est la plus belle émotion que celle d'un groupe uni. Tout le monde était heureux, Justo à même failli passer l'arme à gauche ( NDLR : L'entraîneur Just Fontaine a été victime d'une attaque cardiaque à l'issue de la rencontre ). C'était une grande joie, d'autant plus que la montée n'était pas l'objectif principal au départ. Les dirigeants nous disaient qu'il fallait d'abord se maintenir en D2 avant de penser monter. La, on a fait un sans faute, nous avons brûlés les étapes en montant coup sur coup en deux ans. Mais nous avions un super groupe avec une très très bonne ambiance.

PSG70 : Vous qui étiez l'un des joueurs clés du PSG de la remontée en 73 et 74. Comment avez-vous vécu votre mise à l'écart une fois remonté en D1 ?

Vous savez, je jouais au foot tout en ayant un métier à côté. Je bossais dans une boite de confection de vêtements pour enfants nommé Katimini. J'ai même commercialisé la première collection. Je jouais parce que j'en avais envie et aussi parce que j'avais ma place mais du jour au lendemain je pouvais dire au revoir, dire que je préférais partir à la pêche le dimanche. J'étais libre. En 1974, quand le club est remonté en D1, ils ont achetés Loulou Floch avec qui j'étais copain mais en concurrence. Le fait qu'il ait signé un contrat professionnel faisait qu'il serait titulaire. Il fallait justifier son salaire.

 

PSG70 : Pourquoi n'avez-vous pas signé professionnel vous-même ?

J'avais 28 ans en 1974. C'était un peu tard pour prétendre signer un contrat professionnel. Et puis les salaires et les primes n'étaient pas comme aujourd'hui. A l'époque, le grand maximum devait être de gagner 30 000 ou 40 000 francs, cela n'avait rien à voir avec aujourd'hui. Je jouais uniquement par passion. Bon, après je ne dis pas n'avoir jamais joué pour l'argent, bien sur que cela m'a été utile, notamment dans ma jeunesse, mais à Paris, c'était plutôt un plaisir, un grand plaisir même.

 

« Dahleb avait une main à la place pied gauche »

 

PSG70 : Pensiez-vous à l'époque que le PSG deviendrait un club aussi important ?

Oui, on l‘espérait toujours. Nous avions une bonne équipe, nous prenions beaucoup de buts mais en marquions aussi énormément. Nous étions peut être la seule équipe à pouvoir battre l'AS Saint-Étienne. Mais c'est évident qu'il faut un grand club à Paris dans la capitale. J'ai toujours suivi le club après ma carrière, même si, étant du sud je préfère l'OM au PSG. Mais Paris n'est pas uniquement un club de football, c'est aussi un environnement politique et économique très difficile à gérer.

PSG70 : De tous les joueurs que vous avez côtoyés au PSG ou ailleurs, lequel vous a le plus impressionné ?

J'ai connu des joueurs assez exceptionnels au PSG. Un joueur comme Mous Dahleb avait une main à la place pied gauche. Bon, c'est vrai que son pied droit lui servait qu'à accélérer en voiture mais son pied gauche était magique. Je me souviens qu'un jour nous jouions contre l'Algérie et que c'était un vrai monument là bas. Dogliani aujourd'hui décédé, Leonetti sont aussi de vrais monuments du football français avec la technique et le physique de l'époque totalement différents d'aujourd'hui. Un joueur comme M'Pelé qui arrivait d'Ajaccio était aussi un très grand attaquant.

 

PSG70 : Avez-vous gardé contact avec d'anciens joueurs parisiens des années 70 ?

Aujourd'hui non, nous nous sommes un peu perdu de vue, et puis tous ces joueurs sont aujourd'hui des seniors (rires). J'avais revu Dogliani qui voulait venir s'installer sur la cote et Leonetti qui fait le même métier que moi, agent immobilier mais à Marseille.

 

PSG70 : Qu'avez-vous fait depuis votre fin de carrière

J'ai quitté le PSG en 1975 pour aller jouer une saison à l'AS Cannes en Division 2. Nous avions une équipe pour jouer la montée avec de nombreux internationaux comme Isnard, Baeza ou Erikson un suédois qui avait joué à Nice mais nous avons manqué de sérieux sur la fin de saison. Cannes a toujours été une pépinière en sortant des Micoud, Zidane ou Luccin. J'ai ensuite joué 5 ou 6 ans à Grasse, pour le plaisir. Nous sommes tout de même montés de promotion en Division 4. J'ai alors arrêté totalement le football. Je suis aujourd'hui agent immobilier, à Grasse depuis 32 ans.

Propos recueillis par Maxime Pousset pour PSG70.free.fr et PlanetePSG.com. Merci aux membres des forums PlanetePSG et Foot Nostalgie pour leurs questions ainsi qu'à Michel Marella pour sa disponibilité et sa gentillesse.

 

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