Daniel Horlaville : « J'ai refusé l'équipe de France pour partir en vacances »

 

S'il n'a que très peu joué sous le maillot rouge du Paris Saint Germain première version, Daniel Horlaville n'en reste pas moins l'un des meilleurs joueurs amateurs que le football français ait connu. Arrivé par hasard à Paris en 1971, il signait à 27 ans son premier contrat pro avec un club qui sera scindé la saison suivante.

PSG70 : Daniel Horlaville, quel est le meilleur moment de votre carrière si vous deviez ne retenir qu'un souvenir ?

Daniel Horlaville : « Le titre de champion de France Amateur avec Quevilly en 1968 je crois, c'était en même temps que les Jeux Olympiques. Après il y a aussi les sélections en équipe de France espoirs, amateur et A mais ce qui marque pour un footeux, c'est le premier titre, surtout quand on est jeune, après on se disperse, ce n'est plus pareil. »

 

PSG70 : Comment la scission entre le Paris SG et le Paris FC a-t-elle été vécue par les joueurs en 1972 ?

D.H : « Je suis arrivé en 1971 lorsque Paris venait d'accéder à la première division. Le club cherchait à me recruter depuis pas mal d'années. Tout s'est donc fait rapidement, je venais de me blesser gravement, j'avais le genou en l'air. Avant cette blessure, j'étais en contact avec l'OM, Nantes et même de bons clubs étrangers mais le PSG est le seul qui est venu vers moi après ma blessure. La saison suivante on est reparti avec le Paris FC. Je me souviens vaguement d'une réunion avec les joueurs et les dirigeants pour nous annoncer a scission et nous demander ce que nous préférions. C'était soit le Paris FC au Parc des Princes en D1 ou soit le Paris SG au Camp des Loges en D3 car la ville de Paris a accepté de donner la subvention qu'au Paris FC. Le choix a été vite fait. Pour nous, ça ne changeait rien, c'était comme avant, on restait au Parc même si le club avait changé de nom, c'était toujours le club de Paris. Nous avions un contrat avec le club, le reste, on s'en balançait, on a suivi l'argent. »

PSG70 : Vous êtes le seul joueur de l'histoire du football français de l'après guerre a avoir joué en Equipe de France tout en restant amateur. Etais-ce une volonté de votre part ?

D.H : « Non ce n'était pas vraiment une volonté. Enfin si, car j'étais bien au travail. A Quevilly je travaillais 10 heures par jour et nous avions deux entraînements par semaine, le mardi et le jeudi soir de 18h30 à 20h. Puis on jouait le dimanche en championnat de France Amateur. J'ai eu la chance de me faire repérer dans les sélections amateurs, ou peut être que j'étais meilleur que les autres. J'ai signé 4 ans à Paris mon premier contrat professionnel car a l'époque en 1971, s‘était le début du « contrat à temps ». Avant on signait dans un club pour toute sa carrière. Il n'y avait pas de transferts et pas de négociation de salaire ni de durée de contrat comme aujourd'hui. Les responsables du PSG avaient de bonnes relations avec ceux de Quevilly, cela s'est donc vite fait. Pour ce qui est de ma sélection en Equipe de France, je le vois plutôt comme un petit clin d'œil du sélectionneur. »

 

PSG70 : On vous compare parfois à Johan Micoud dans votre jeu. Quel type de joueur étiez-vous ?

D.H : « J'étais du type à Daniel Horlaville (rires), non sérieusement, je n'ai jamais essayé de m'inspirer d'un joueur en particulier. Chacun avait ses qualités et ses défauts, mais je ne ressemblais pas à Micoud, il est bien trop lent (rires). Je dirais plutôt en étant un peu prétentieux que je ressemblais à Roger March ou Michel Platini sans les coups francs. J'étais très rapide mais trop peu physique. J'avais une belle accélération, un parlait même d'une double accélération et d'une double détente. »

 

PSG70 : Quel regard portez vous sur l'évolution du football ( le comportement des joueurs aujourd'hui, l'argent… Auriez-vous aimé connaître ce football paillette, vous qui êtes resté plus ou moins anonyme ?

D.H : « Oui, c'est sur qu'être footeux aujourd'hui est un métier peinard. Il n'y a même plus besoin d'être bon pour jouer en Equipe de France ou à l'OM. Je prends comme exemple Djibril Cissé. Qu'est ce que c'est que ce joueur ? Il ne montre rien du tout. Je ne critique pas, je fais juste un constat. Et puis les salaires sont bien trop différents selon que l'on joue à Nancy ou Marseille. Il suffit en fait de tomber dans le bon club. Maintenant les joueurs en on plus rien a foutre de leur club, s'ils sont sur le banc, ils appellent leur agent pour lui demander de trouver un autre club. Ils s'en balancent, et s'occupent de leur fiche de paye. »

 

PSG70 : Vous avez joué 7 matches avec le PSG avant de jouer pour le Paris FC. Aujourd'hui, avec le recul, vous sentez vous ancien joueur du Paris Saint Germain tel qu'il existe ou pensez vous au contraire que le PSG qui a recommencé en D3 en 1972/73 est un autre club ?

D.H : « Non, je ne me sens pas ancien joueur du PSG. J'ai atterri à Paris parce que je n'avais plus d'autre club. Quevilly ne voulait plus de moi pour diverses raisons. C'est toute une histoire et puis j'étais gravement blessé au genou, j'avais la jambe en l'air, je me suis fais opéré deux fois et je partais pour une convalescence de trois ans. J'ai vraiment galéré mais j'ai tout de même pu jouer avec un bandage inimaginable. En fait, je suis allé à Paris pour me soigner car j'étais condamné pour le football, j'avais subi une opération incomplète. »

PSG70 : De tous les joueurs que vous avez côtoyés au PSG ou ailleurs, lequel vous a le plus impressionné, que ce soit sportivement ou humainement ?

D.H : « A Quevilly, il n'y avait pas mieux que moi ( rires ) sinon, pour moi, le meilleur joueur du siècle, c'est Michel Platini. Mais il y a eu d'autres grands joueurs, chacun dans leur style. A Paris, il y avait de nombreux internationaux, des argentins, mais aussi Spiegler un israélien qui était un très bon joueur. Je pense aussi à Chapuisat le suisse et Rostagni qui jouait en Equipe de France. »

 

« Ce n'est pas avec Cissé et Rodriguez que le PSG redeviendra un grand club »

 

PSG70 : Quel souvenir gardez-vous de votre seule et unique sélection en bleu, c'était le 30 avril 1969 contre la Roumanie  ?

D.H : « C'était un peu bizarre. J'ai d'abord eu une sélection contre le Real de Madrid en match amical mais elle n'est pas officielle. J'ai eu quatre sélections en tout, mais une seule est officielle. Après, j'ai été rappelé pour un stage avec l'équipe de France au mois de juillet mais j'ai refusé car j'avais prévu de partir en vacances. On m'a dit que ce n'était pas grave, que je serai re-sélectionné par la suite. J'attends toujours (rires) »

 

PSG70 : Vous avez refusé un stage avec l'équipe de France pour partir en vacances !?

D.H : « Oui, j'étais amateur, j'avais un travail et j'avais déjà posé mes congés. On avait prévu de partir 4 ou 5 jours je ne sais plus ou dans un hôtel avec piscine. Ma femme n'était pas trop d'accord pour que j'annule tout, et puis mon président à Quevilly non plus, il voulait me voir pour la reprise du championnat amateur. »

PSG70 : Suivez-vous toujours les résultats du PSG ? Quel regard portez-vous sur la situation du club ?

D.H : « J'évite de dire que je suis pour le PSG, ça chambre ici avec les collègues (rires). C'est compliqué avec tous ces présidents et entraîneurs qui se succèdent. Nous aussi nous avions eu du mal à l'époque, nous avions une bonne équipe avec des internationaux mais nous jouions pour ne pas descendre, ce que nous n'avons pas su faire puisque nous avons fini par descendre (NDLR : avec le Paris FC en 1974). A Paris, il y a eu l'époque ou le club était au mieux avec des joueurs qui faisaient le spectacle. Il faut des joueurs qui font le spectacle. Ce n'est pas avec Cissé et Rodriguez que le PSG redeviendra un grand club. Et puis c'est très difficile quand un club comme Paris et Marseille se déplace dans chez des équipes comme Nancy ou Le Mans. S'il plonge c'est parce que ces clubs l'attendent de pied ferme alors que le PSG ou l'OM, lui il s'en fout de Nancy ou Le Mans ! »

 

PSG70 : Qu'avez-vous fait depuis votre fin de carrière ?

D.H : « Je suis parti à Rouen en 1974. Je voulais tout arrêter mais Rouen me voulait depuis pas mal d'années, et ils ont profités de l'occasion. Ils m'ont proposés trois ans de contrat mais je préférais un an. Finalement j'ai signé 3 ans avec pour objectif de monter en première division. Eux, ils voulaient faire le plein au stade, chose qui a été faite. Nous sommes montés en au bout de deux ans, je suis resté encore un an de plus avant de partir. En 1978 je suis revenu là ou je suis né, à Oissel comme entraîneur joueur, c'était la transition, pour découvrir. Puis je me suis installé dans la région, j'ai pris goût. Je suis resté entraîneur joueur jusqu'en 1985 date à laquelle j'ai totalement arrêté de jouer. Je suis resté entraîneur du club jusqu'en 2001. Aujourd'hui, et depuis 1978, je suis au service des sports de la ville de Oissel et j'accompagne l'équipe senior. »

 

PSG70 : Pourquoi ne pas avoir gravi les échelons nationaux d'entraîneur et essayé d'entraîner un groupe professionnel?

D.H : « Non, je n'avais pas envie. C'est peut être un manque d'ambition mais je n'avais pas envie de partir faire des stages je ne sais ou pendant 3 semaines. Je savais bien que les diplômes requis étaient impossibles pour moi. J'aurai pu essayer mais j'ai peut être été fainéant, je ne me voyais pas partir dans ce milieu, c'est un monde ou il y a beaucoup de passe droit. »

 

PSG70 : Enfin, Daniel Horlaville, rechaussez-vous parfois les crampons ?

D.H : « Non, plus du tout. J'ai subi une nouvelle opération durant laquelle on m'a installé une prothèse pour pouvoir marcher normalement. Le foot c'est fini pour moi. »

 

Propos recueillis par Maxime Pousset pou PSG70.free.fr et PlanetePSG.com. Merci aux membres des forums PlanetePSG et Foot Nostalgie pour leurs questions, à Daniel Horlaville pour sa disponibilité et sa franchise ainsi qu'à Jérôme Jacoby pour la mise en relation.

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