Bernard Guignedoux : « Une vraie complicité avec les supporters »

31/08/2005

 

PSG70 : Quels sont vos meilleurs souvenirs avec le PSG ?

Bernard Guignedoux : "C'est incontestablement la montée en première division lors de la saison 1970/71. Il y a eu un engouement extraordinaire. Je retiens la construction de l'équipe avec une osmose immédiate entre professionnels expérimentés et jeunes joueurs. Ce fut une année fabuleuse. Et puis c'était le retour du foot de haut niveau à Paris. J'avais eu la malchance de vivre la fin du Racing Club de Paris où j'ai été formé. J'avais alors renoncé à une carrière de footballeur professionnel en signant au Stade Sangermanois et en continuant mes études. Nous sommes montés en D2, c'était pour moi une surprise car j'avais vraiment abandonné l'idée de devenir un jour professionnel."

 

PSG70 : En 1970, lorsque le club a démarré en D2*, l'équipe a-t-elle sentie de l'animosité de la part des joueurs et supporters adverses lors des matchs ?

B.G :" Ce n'est pas vraiment le cas dans la mesure ou le Stade Sangermanois avait gagné sur le terrain son droit de monter en D2. Je n'ai jamais senti d'animosité particulière de la part des adversaires. "

 

PSG70 : Comment la presse a-t-elle accueillie cette création ?

B.G : "Le lancement par Pierre Bellemare sur Europe 1 de l'appel pour la création du PSG a été un moment très fort. Sinon, il est vrai que la presse de l'époque n'était pas aussi présente que maintenant. Il n'y avait pas de pression particulière de la part des médias. Les journalistes l'ont plutôt bien accueillis car ils étaient sevrés de football à Paris. "

 

PSG70 : Sentiez-vous un réel engouement des parisiens qui étaient, à cette époque, privés de football de haut niveau?

B.G : "Oui ! C'était fabuleux. Il y avait vraiment une vraie relation d'amitié et de complicité entre les joueurs et les supporters. Le contact était riche pour les uns et les autres. "

 

PSG70 : Pensiez-vous à l'époque que le PSG deviendrait un club aussi important dans le paysage footballistique français?

B.G : "Au tout début non, nous ne pensions pas que le PSG deviendrait un jour ce qu'il est aujourd'hui. "

 

PSG70 : En 1972/73, le club est scindé en deux. Vous étiez au Stade Sangermanois depuis 1966. Pourquoi être resté avec le Paris FC en D1 au lieu de repartir avec le PSG en D3 ? L'avez-vous choisi ?

B.G : "Je n'avais pas le choix. J'étais professionnel et lié par un contrat, c'est pourquoi les joueurs de D1 sont restés au Paris FC. Il est vrai que certains joueurs sont restés avec le PSG en D3 comme Bernard Béreau ou Camille Choquier mais ces derniers n'avaient pas de contrat professionnel. Cela a été difficile pour moi qui suis né à Saint-Germain-en-Laye. "

 

PSG70 : Vous qui êtes restés en tout 22 ans au PSG, l'amour du maillot est-il devenu une légende ou existe-t-il encore?

B.G : "C'est l'époque qui veut ça. C'est autre chose… Disons que les mentalités nous poussaient à être plus fidèles. Maintenant, ce sont les règles du jeu, les gens vont au plus offrant au risque de se griller sportivement mais afin de réaliser une belle opération financière. La carrière du joueur est courte, il faut le comprendre. Les gens sont de plus en plus impatients"

 

« Il nous arrivait de jouer devant 1500 spectateurs ! »

 

PSG70 : De tous les joueurs que vous avez côtoyé au PSG ou au Stade Sangermanois, lequel vous a le plus impressionné ?

B.G : "Je ne retiendrais pas un joueur en particulier. J'ai vu de nombreux grands joueurs au PSG lorsque j'étais joueur mais aussi par la suite . Dans ma jeunesse, j'ai plutôt été impressionné par les professionnels qui sont arrivés au club en 1970. Les Destrumelle, Djorkaeff, Mitoraj ou Cruz étaient des joueurs d'expérience impressionnants par leur professionnalisme. Ils en fa"isaient plus que nous.

 

PSG70 : Que pensez-vous de l'évolution du public parisien de votre époque à nos jours? (Taille, passion, mentalité...)

B.G :"C'est énorme ! Les infrastructures du Parc sont maintenant plus chaleureuses. A l'époque c'était du béton partout. Nous remplissions le Parc pour les gros matchs contre l'OM par exemple mais pour les autres, c'était dérisoire. Il nous arrivait de jouer devant 1500 spectateurs ! C'est plus motivant pour les joueurs de jouer dans un stade plein. Maintenant au niveau de public, il y a de tout. Il y a ceux qui sont derrière l'équipe à chaque fois, il y a les spectateurs qui viennent occasionnellement et qui sont beaucoup plus calmes, et puis il y a ceux qui se servent du football pour faire passer la violence. "

 

PSG70 : Y a-t-il pour vous la place pour un 2ème club en L1 à Paris ?

B.G : "Par rapport à ce que j'ai vécu lorsque le Racing, le Stade Français ou le Red Star étaient en première division, je dirais que Paris n'a pas la place pour un second grand club. Même en seconde division, il ne reste plus que Créteil. Je ne suis pas contre mais je ne sens pas Paris capable de supporter deux clubs. A Londres, il y a un club par quartier. Les clubs sont vieux et les supporters sont là depuis des années. A Paris, il n'y a pour le moment pas suffisamment d'infrastructures pour qu'un second club s'implante parmi l'élite."

 

PSG70 : Qu'avez-vous fait depuis la fin de votre carrière ?

B.G : "Quant le PSG est monté en Division 1 en 1971, je venais d'obtenir mon CAPEPS (Diplôme de professeur EPS). En 1977, après mon passage à Monaco je suis revenu au Paris FC en tant que semi professionnel et après 3 ans d'études, j'ai obtenu mon diplôme d'Etat de Kiné. En 1980, j'ai été enseignant en EPS dans le XVème arrondissement. En 1981, je suis retourné au PSG pour entraîner la 3 ème équipe. Je m'en suis occupé pendant 11 ans, nous sommes montés en CFA 2 et j'ai ensuite entraîné pendant 7 ans les 15 ans nationaux. Par la suite, j'ai signé à temps plein au centre de formation. C'est là que j'ai connu Antoine (Kombouaré). J'ai été son tuteur de formation à son arrivée. En 2003 je l'ai suivi à Strasbourg comme adjoint et depuis cette saison, je suis toujours son adjoint à Valenciennes. "

 

PSG70 : Vous qui avez entraînés au Centre de Formation du PSG, suivez-vous les résultats de leurs équipes ?

B.G : "Non seulement nous suivons les résultats mais aussi les joueurs qui en sont partis".

 

PSG70 : Comment expliquez vous le fait que Paris ai du mal à former de bons jeunes malgré le vivier de l'île de France?

B.G : "C'est un problème d'offre et de demande. A une époque, le PSG ne suivait pas la surenchère des autres clubs pour les jeunes joueurs. Il y a aussi le choix des jeunes et des gens autour. Il faut faire ce choix à 11 ou 12 ans. Il y a tellement de bons jeunes en région parisienne qu'il est difficile de tous les repérer. Ce n'est pas facile de savoir si tel ou tel joueur sera bon par la suite et confirmera. Le jeune doit être compétitif rapidement. A Paris, ils n'ont pas le temps de franchir les étapes. Quant je vois Jean-Michel Badiane qui est dans l'antichambre depuis quelques temps…C'est sur que Laurent (Fournier) aimerais les faire jouer (lui et Rudy Haddad) mais il doit faire des résultats. Il n'a pas le temps. Le problème ne vient pas de la formation mais il vient après. Le PSG a une très bonne formation, comme tous les clubs professionnels."

 

PSG70 : Aspirez vous à devenir un jour entraîneur d'une équipe de Ligue 1 ?

B.G : "Non, je n'ai pas de plan de carrière. Si un jour je reçois une offre, pourquoi pas mais ce n'est pas mon objectif actuellement."

 

PSG70 : Enfin, avez-vous gardé contact avec d'anciens joueurs du PSG de votre époque ?

B.G : "Oui, j'avais revu Camille Choquier au PSG et dans les commissions techniques de Paris. Je revois Michel Prost parfois ou Tchouki (Djorkaeff). On se rencontre lors de réunions ou de matchs d'anciens. Maintenant, beaucoup sont décédés."

 

* : Le PSG est apparu directement en Division 2 en 1970/71 après la fusion avec le Stade Saint-Germain. Le club n'a donc pas eu a gravir toutes les divisions préalables.

 

Propos recueillis par Maxime.P pour http://psg70.free.fr. Merci aux membres des Forums PlanetePSG.com, InfoPSG.com et ForumPSG.com pour leurs questions

 

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Bernard Guignedoux

Né le 31/07/1947 à Saint-Germain-en-Laye

Parisien de 1966 à 1972 (74 matches - 15 buts) avec le PSG

Clubs successifs : Andresy, Levalois, Racing Club Paris, Stade Saint-Germain, PSGFC, Paris FC, Monaco et Paris FC

Palmarès : Meilleur joueur amateur français en 1970/71 et Champion de France National (ex D2) en 1970/71