Gérard Cenzato : « Pour réussir à Paris, il faut avoir un tempérament bien spécial »

 

Véritable « Titi parisien », Gérard Cenzato, rejoint le Paris Saint Germain dans l'anonymat le plus total en 1974, l'année de la remontée du club parmi l'élite. Effacé par les arrivées de stars comme Dahleb et Pantelic dans la capitale, il prend son mal en patience sur le banc de touche en attendant des lendemains meilleurs. Mais son heure ne viendra pas. Ballotté de postes en postes, il ne trouve pas sa place dans l'effectif parisien et quitte le club sans véritablement avoir pu prouver sa valeur. Pourtant, le natif de Créteil garde un souvenir intarissable de ses 3 saisons sous le maillot rouge et bleu.

 

PSG70 : Gérard Cenzato, pouvez-vous nous expliquer la façon dont vous avez été repéré par le Paris Saint Germain en 1974 ?

Gérard Cenzato : "A l'époque le sponsor qui était RTL employait mon ancien entraîneur lorsque je jouais à Saint Maur, Monsieur Ferrait. C'est lui qui m'a fait venir au PSG alors que j'étais à Cholet en D3, l'équivalent du championnat National aujourd'hui. J'avais déjà connu un petit peu le monde professionnel par un bref passage à l'AS Nancy Loraine dans les années 70 lorsque je faisais mon service militaire. J'avais joué un match avec le groupe pro puis je suis parti. J'ai ensuite regagné le circuit amateur jusqu'à ce contrat stagiaire avec le PSG. J'ai signé 4 ans, dont 3 comme professionnel, mais j'avais une sorte de clause qui me permettait plus ou moins d'être libre a chaque fin de saison si je le souhaitais".

PSG70 : Quels souvenirs gardez vous de vos années au PSG ?

G.C : "J'ai passé 3 ans au PSG, ce fut de bonnes années, malgré le fait qu'à l'époque, le club ne jouait pas le haut du classement. Il y avait déjà beaucoup de rebondissement, de changement d'entraîneurs, de dirigeants. Je crois que c'est d'usage au PSG (rires). C'était donc difficile de s'imposer durablement, dans la mesure où l'on pouvait plaire a un entraîneur puis pas aux suivants. A Paris, j'ai joué avec Dahleb, Piasecki, Dogliani et Leonetti qui sont de très grands joueurs, et j'en ai tiré d'énormes bénéfices. Mais mon meilleur souvenir reste probablement mon match à Sochaux (saison 75/76). A l'époque, il y avait un système de points de bonus. Au delà de 3 buts inscrits, on avait un point de plus. On était dans les profondeurs du classement mais on a gagné 4-1 et donc remporté ce point de bonus. J'ai fait un super match avec Dahleb. Sinon, bien entendu je me souviendrai toujours des matches contre Saint-Etienne. C'était le gros match de l'époque, le Parc était toujours plein, ce qui n'était pas le cas à toutes les rencontres".

 

PSG70 : Oui, justement, vous avez connu plusieurs entraîneurs au PSG. Quelles relations entreteniez vous avec chacun d'eux, que ce soit Vicot, Fontaine, Vasovic, Pantelic ou Alonzo ?

G.C : "J'avais de bonnes relations avec Just Fontaine. Même si je n'ai pas trop joué, j'aime bien l'homme. Vasovic, lui, était plus direct. Un jour on était des dieux et le lendemain des moins que rien. Mais j'ai malgré tout beaucoup appris avec tous les gens que j'ai pu croiser à Paris. Je pense par exemple au président Hechter, un homme très bon, très proche des joueurs et vraiment passionné par le football".

PSG70 : Finalement, avec le recul, que vous a-t-il manqué pour vous imposer au PSG ?

G.C : "Peut être de ne pas avoir joué régulièrement. Après, je pense que c'est une question de comportement. A Paris, il faut avoir un tempérament bien spécial ou être vraiment au dessus du lot pour réussir. Je ne suis pas comme cela, j'avais plutôt un caractère pour m'imposer dans un club plus calme, plus familial. C'est peut être de ma faute après tout. Il m'a aussi manqué un peu de confiance, de temps de jeu. Avec tous les entraîneurs successifs, j'ai très peu joué (28 matches en 3 saisons). Avec Fontaine par exemple, j'ai peu joué, car il avait son équipe type qu'il ne changeait que s'il y avait un malade ou un blessé. Je me rappelle d'un match à Metz avant lequel Humberto Coelho était incertain car blessé au genou. Il ne pouvait pas jouer, j'ai donc tenu sa place, et plutôt bien même. Je pensais alors pouvoir être titulaire la semaine suivante, contre Saint-Etienne au Parc, mais je ne suis pas resté dans le 11 malgré ma bonne performance.

 

« J'ai entraîné Makelele et Chantôme »

 

PSG70 : En 1977 vous quittez le PSG pour le Paris FC voisin. Y avait-il une rivalité particulière entre les deux clubs ?

G.C : "J'avais 28 ans, et je me disais qu'il fallait trouver un club dans lequel j'allais vraiment pouvoir m'imposer comme titulaire. Je devais d'abord signer au FC Tours en D2 mais Jean-Louis Leonetti avec qui j'avais joué au PSG venait d'arriver au Paris FC de monsieur Repellini. Ils étaient en D2 et avaient pour ambition de vite remonter parmi l'élite. J'ai signé et me suis imposé. Je me souviens n'avoir manqué qu'un seul match cette saison là (1977/78). Mais le Paris FC n'avait aucune structure, c'était seulement une équipe, et pas vraiment un club. Il n'y avait pas de bureaux, pas d'administration et on ne savait jamais où nous entraîner. On était parfois prévenus au dernier moment du terrain retenu pour l'entraînement. Pour ce qui est de la rivalité avec le PSG, je ne pense pas non. Le PSG était largement au dessus, on ne pouvait pas rivaliser. Même lorsqu'on est remonté en D1 la saison suivante en 1978, on a beaucoup galéré. On est même redescendu aussitôt".

PSG70 : Vous avez connu 12 clubs dans votre carrière de joueur, ce qui était assez rare à l'époque. Pourquoi une telle instabilité   ?

G.C : "Oui, je ne sais pas. Je n'arrivais peut être pas à me trouver. J'ai fait l'armé à Nancy, avant d'être transféré au Mans, mais je n'y suis resté que 6 mois. J'ai rarement joué, à vrai dire je ne voulais pas vraiment y aller, mais à l'époque, on ne décidait pas. Ce n'était pas ma région, j'étais un peu perdu. Je suis parisien moi, je suis né à Créteil. Après, je suis parti à Sens car j'avais des copains qui jouaient là bas et pour le travail. Mais cette fois-ci, c'est ma femme qui ne se plaisait pas. Je suis alors parti à Cholet, la ville d'où est originaire ma femme. Puis est venu le challenge du PSG, avec un salaire intéressant, je ne vais pas le cacher. C'était un honneur, une proposition que je ne pouvais pas refuser".

PSG70 : Quel a été votre parcours depuis votre fin de carrière ?

G.C : "Après le Paris FC, je suis parti à Fontainebleau en D3. Nous sommes monté en Division 2, puis j'ai arrêté ma carrière. J'ai été entraîneur-joueur à Bagneux-Nemours puis à Etampes, avant de raccrocher définitivement les crampons. Je suis ensuite reparti à Fontainebleau puis à Melun qui fusionnaient avec pas mal de monde à l'époque. J'ai notamment entraîné Makelele dans les années 90. Enfin, je suis venu au Mée sur Seine, un club filleul du PSG où j'ai entraîné entre autres le petit Chantôme. Aujourd'hui, je ne suis plus dans le monde du football, j'ai quitté le Mée en 2005. Je suis désormais à la mairie de Fontainebleau, au service des sports".

 

Propos recueillis par Maxime Pousset pour PSG70.free.fr et PlanetePSG.com. Merci à Gérard Cenzato.

 

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