Youness Bengelloun  : « Evoquer le PSG reste un moment douloureux.»

 

Youness Bengelloun au PSG, c'est avant tout une histoire de malchance. Celle d'un jeune joueur promis à un brillant avenir qui se fera broyer par l'instabilité chronique cher au club de la capitale. Dans une autre époque, nul doute que ce jeune joueur âgé aujourd'hui de 24 ans aurait eu sa chance avec l'équipe première du club de son coeur. Tout récent transfuge du club grec de Panserraïkos, il fait pour nous un petit point sur sa courte mais déjà riche carrière de footballeur professionnel.

Interview réalisée en collaboration entre

et

 

PSG70 & Amiens Foot : Tout d'abord comment se passe ton intégration dans ton nouveau club de Panserraïkos en D2 grecque ? Comment gères tu la barrière de la langue, la culture ou le climat ?

Youness Bengelloun : "Mon intégration se passe très bien. Le coach est très content de ma venue tout comme mes coéquipiers. La présence d'Edvin Murati me facilite la vie au quotidien. Il est au club depuis un an déjà et a évolué plusieurs saisons à Iraklis Salonique. Il parle donc très bien grec et joue le rôle de traducteur. Sinon je peux communiquer en anglais. Le climat est très agréable, il fait beau et chaud, nous sommes dans une région à 45 minutes de Thessalonique, la deuxième plus grande ville de la Grèce".

 

PSG70 & Amiens Foot : Quelles différences perçois-tu entre le football grec et le football français, tant au niveau du jeu que sur le plan de la ferveur populaire ?

Y.B. : "Il est encore trop tôt pour pouvoir porter des jugements. Le championnat ne commence que le 23 septembre".

PSG70 & Amiens Foot : Cet été tu as décidé de suivre les stages UNFP. Cela s'est avéré payant pour toi puisque tu as trouvé un club. Penses tu que ces stages sont une vitrine efficace aux joueurs sans club pour retrouver un nouveau challenge? Penses tu que sans ces stages tu aurais trouvé un club ?

Y.B. : "En effet, j'ai souhaité participer aux stages UNFP pour pouvoir m'entraîner en groupe au lieu de s'entraîner seul ou avec un préparateur physique. Le but est bien évidemment de retrouver un club le plus rapidement possible mais je recherchais avant tout une atmosphère de travail conviviale. Car lors des stages UNFP, je peux vous dire qu'il y avait une ambiance sympathique... Ces stages m'ont aussi permis d'échanger avec des joueurs qui évoluent dans d'autres clubs, en France ou à l'étranger. Ce fut pour moi, une expérience très enrichissante".

 

PSG70 & Amiens Foot : Revenons brièvement sur ton parcours au PSG. En 2002, Luis Fernandez te prête à Amiens en Ligue 2 pour t'aguerrir, preuve qu'il compte sur toi. Mais à ton retour, il n'est plus là, c'est Vahid Halilhodzic qui le remplace et qui t'écarte du groupe. Penses tu que les dés étaient pipés d'avances pour toi avec l'arrivée de ce nouvel entraîneur ?

Y.B. :"Evoquer pour moi cette période de ma carrière reste un moment douloureux. C'est un moment clé. En juin 2003, après un prêt d'un an en Ligue 2, le PSG ne me propose pas de contrat professionnel et m'écarte du groupe pro pour me renvoyer en CFA alors que je m'entraînais avec le groupe pro sous l'ère de Luis Fernandez. Mais voilà, les dirigeants n'étaient plus les mêmes, Le président Perpère avait été remplacé par Graille, et l'entraîneur Fernandez par Halilhodzic. Je pense que je n'ai pas été "au bon momment au bon endroit" pour ne pas renter dans les détails.

PSG70 & Amiens Foot : Penses-tu qu'avec Luis Fernandez tu aurais pu signer professionnel ?

Y.B. : "Oui mais on ne le saura jamais".

 

PSG70 & Amiens Foot : Penses tu, aujourd'hui, avec le recul que l'arrivée au club de Vahid Halilhodzic ait contribué à mettre un coup d'arrêt à ta carrière ?

Y.B. : "Pas un coup d'arrêt mais ma carrière a simplement pris un autre chemin".

 

PSG70 & Amiens Foot : Quels souvenirs gardes tu de ton passage à Amiens ?

Y.B. : "Un très bon souvenir. Mon premier match professionnel, le 3 août 2002 contre Le Mans. Le stade de la Licorne est un stade magnifique. Nous formions un bon groupe de joueurs avec un bon état d'esprit. J'ai passé une belle année avec les Abriel, Ewolo, Duchemin, les anciens comme Moreau, Debeve et Magnier ou les jeunes comme Griffit et Dufrennes".

 

PSG70 & Amiens Foot : Aurais-tu aimé être définitivement transféré à Amiens ?

Y.B. : "Oui, mais il me restait un an de contrat au PSG. Je pensais que ma situation pourrait évoluer et que je réintégrerais le groupe pro".

 

PSG70 & Amiens Foot : Ta venue à Amiens était-elle conditionnée par les présences de Denis Troch et Fabrice Abriel au club ?

Y.B. : "Oui. Le prêt d'Abriel s'était bien passé la saison précédente. Quant à Denis Troch, il me voulait à tout prix dans son club et avait réussi à me convaincre de signer à Amiens plutôt qu'ailleurs. (Créteil, Gueugnon, Istres)

 

PSG70 & Amiens Foot : As-tu gardé contact avec d'anciens joueurs parisiens et amiénois de ta génération ?

Y.B. : "Oui. Je suis toujours en contact Guillaume Stephan, Malik Rouag, Mounir Obbadi, Lahcen Chakir etc…au PSG. A Amiens, j'ai gardé contact avec Léandre Griffit qui avait signé à Southampton".

PSG70 & Amiens Foot : Le jeune Youssouf Mulumbu vient d'être prêté à Amiens. Penses tu que le club picard peut lui permettre de franchir le palier nécessaire afin d'être titulaire en Ligue 1?

Y.B. : "Oui, Amiens est le club idéal pour continuer à progresser. Les infrastructures sont dignes d'un club de Ligue 1, tout comme le stade, les vestiaires, le terrain d'entrainement ou la salle de musculation. Le coach Batelli est l'ancien entraîneur de la réserve. C'est un entraineur exigeant qui va permettre à Youssouf de franchir un nouveau palier. Je souhaite à Youssouf Mulumbu la meilleure réussite possible à Amiens cette saison. C'est un très bon joueur avec de grosses qualités qui peut s'imposer au PSG".

 

PSG70 & Amiens Foot : Beaucoup de jeunes joueurs ont connus le même problème que toi au PSG, c'est-à-dire d'être prêté par un entraîneur puis revenir la saison suivante sous la direction d'un autre entraîneur qui ne souhaite plus d'eux. (Djadjedje, Rouag, Kelban, Hiroux ou plus récemment Ibisevic pour ne citer qu'eux). Penses tu que ce problème est typiquement parisien ?

Y.B. : "Je pense que l'instabilité au niveau des dirigeants est le problème majeur. Entre 1999 et 2003, il y a eu 2 présidents, 3 entraineurs, 2 directeurs du Centre de Formation. Comment voulez vous qu'il y ait une continuité dans le travail et la promotion des meilleurs jeunes du Centre de Formation?"

 

PSG70 & Amiens Foot : En voyant les Chantôme, Mulubmu, Mabiala et autre NGog avoir leur chance et signer pro au PSG, as-tu des regrets par rapport à ta génération qui n'a pas eu cette chance ? Penses tu qu'il est désormais plus facile de signer pro au PSG ?

Y.B. : "Non, je n'ai pas de regrets. Je suis très content pour ces jeunes joueurs qui ont emprunté le même chemin au Centre de Formation du PSG, fréquenté les mêmes salles de cours, les même terrains d'entraînements. Je pense qu'ils ont été (ou ont eu la chance d être) « au bon moment au bon endroit ». Je n'oublie pas qu'ils ont été champions de France des 18 ans. Je pense aussi qu'ils méritent tous d'être récompensés de leurs efforts car il est plus difficile au PSG de signer pro qu'ailleurs en France. Quand on signe au PSG, on a conscience de la tâche à accomplir pour avoir un jour l'honneur de porter le maillot du PSG au Parc des Princes".

 

PSG70 & Amiens Foot : Quel regard portes tu sur la situation actuelle du PSG ?

Y.B. : "Le PSG est sur la voie du succès. Le président et l'entraîneur travaillent main dans la main. Ils ont une ligne directrice et s'y tiennent malgré les événements. Je suis très content de voir des jeunes comme Arnaud ou Sankharé signer des contrats pros. Je souhaite que le PSG soit champion dans les années à venir.

 

PSG70 & Amiens Foot : Et l'Amiens SC ? Gardes tu un œil sur ses résultats ? Si oui, que t'inspire cette avant dernière place au classement d'une équipe qui a terminé 4 ème la saison dernière ?

Y.B. : "Oui, je suis attentivement les résultats d'Amiens. Je pense qu'ils ont raté leur début de championnat. Cela peut arriver à n'importe quelle équipe, d'autant plus qu' ils ont réalisé une grande saison l'an passé. Par conséquent, l'Amiens SC est attendu à chaque match. Ils ont l'étiquette de favori ce qui ne leur facilite en rien les matchs. Je pense que c'est le revers de la médaille après une saison réussie, mais j'espere qu'ils vont vite se ressaisir et remonter au classement".

PSG70 & Amiens Foot : Après tes passages à Paris et Amiens, tu connais plusieurs clubs, mais tu ne restes à chaque qu'une saison au plus. Que t'as t-il manqué à ton avis pour t'imposer durablement, que ce soit à Neuchâtel, Alaves, Raon l'Etape ou Istres ?

Y.B. : "A Neuchâtel, il fallait sauver un club dernier au classement a la trêve. La mission « maintien » a été un succès cependant, je n'ai pas souhaité poursuivre ma carrière en Suisse. En Espagne, a Alavès, en deuxième division, j'ai rejoint un très bon club avec comme objectif la remontée en Liga. J'ai très peu joué, souvent blessé et mon contrat n'a pas été renouvelé. C'est avec regret que j'ai quitté ce club dans lequel je n'ai pas pu démontrer ma valeur. A Raon l'Etape, j'ai signé en octobre pour quitter le club en janvier. C'est une erreur de ma part d'avoir signé dans ce club en National. Je recherchais un club depuis juillet, j'aurais du attendre décembre. A Istres, je retrouve la Ligue 2 mais le coach, qui me fait signer après un mois d'essai, est limogé une semaine après ma signature. A la fin de la saison , le club descend en National. Il est vrai que je ne suis pas resté plus d'une saison dans chaque club mais j'espère trouver un club dans lequel je puisse m'épanouir en tant que footballeur professionnel".

 

PSG70 & Amiens Foot : Youness Merci pour ta disponibilité et bonne continuation dans le championnat grec.

Y.B : "Ce fut un plaisir de répondre à tes questions. Certaines sont très pertinentes".

 

Propos recueillis et retranscrits par Maxime Pousset et Nicolas Demollien pour PSG70.free.fr et Amiensfoot.chez-alice.fr Merci à Youness Bengelloun.

 

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