Jean-François Beltramini : « Au PSG, Je n'ai jamais rien pu prouver »
Véritable légende du FC Rouen dont il a porté le maillot entre 1981 et 1985, Jean-François Beltramini est pourtant francilien de naissance. C'est avec passion qu'il enfile le maillot rouge et bleu du Paris Saint Germain en 1979 pour deux saisons seulement. Pourtant talentueux et agile devant le but, le natif des Clayes-sous-Bois ne parviendra pas à s'imposer au PSG à cause notamment d'une instabilité chronique d'un club qui n'arrive pas à garder un entraîneur plus de 6 mois consécutifs…déjà.
PSG70 : Jean-François Beltramini bonjour, pouvez-vous nous expliquer le parcours par lequel vous êtes arrivé au Paris Saint Germain en 1979 ?
Jean-François Beltramini : "J'ai débuté au CA Mantes la Ville en 1969, j'y suis resté à peu près 3 ans avant de signer au Stade de Reims pour une saison puis à Laval en Division 2 de 1974 à 1975. Je suis une fois de plus resté en deuxième division avec le Paris FC de 1975 à 1979. Nous sommes montés en première division à l'issue de la saison 1977/78, saison durant laquelle j'ai même terminé meilleur buteur. J'ai ensuite joué une saison en première division avec le Paris FC ( qui sera relégué), et c'est là que je me suis fait repéré par le Paris SG. "
PSG70 : Si vous deviez retenir un souvenir particulier de votre passage au PSG, lequel serait-il ?
JFB : "Pas seulement au PSG, mais partout, j'ai eu des bons et des mauvais souvenirs, comme tous les joueurs. Au PSG ? Là comme ça, je ne vois pas de bons souvenirs mais plutôt des mauvais ( rires ), comme lorsque Vasovic était l'entraîneur la première année. L'ambiance était bonne mais bon, les entraîneurs ont toujours leurs petites préférences. Moi, il n'a pas aimé que ce soit Monsieur Borelli qui m'ait recruté. Parce qu'en fait, à l'époque, j'étais à l'essai à Toulouse, j'allais même signer là-bas. Lorsque Monsieur Borelli a appris cela par l'intermédiaire de son frère je crois, il est venu me chercher à Toulouse avec un petit avion qu'il avait affrété spécialement depuis Cannes. Nous sommes partis à Cannes et j'ai signé là-bas mon contrat avec le PSG. On peut dire que tout s'est joué à quelques heures, car j'étais tout prêt de signer au Toulouse FC. "
PSG70 : Et pourquoi avoir préféré le PSG à Toulouse ?
JFB : "J'ai préféré Paris car j'habitais en Ile de France, et puis le PSG est un club mythique, c'est le club de la capitale et l'un des meilleures de l'élite. "
PSG70 : Quels souvenirs gardez-vous de vos entraîneurs 4 successifs durant ces deux ans au PSG (Vasovic, Choquier, Alonzo, Peyroche) ?
JFB : "Déjà quand je suis arrivé je n'ai pas joué les 10 premiers matchs, comme je vous l'ai dit, Vasovic ne voulait pas de moi. L'équipe ne tournait pas bien et le président a tapé sur la table. Il lui a demandé « essaye le », et Vasovic de lui répondre qu'il ne me connaissait pas. A Saint-Etienne (10 ème journée, défaite 2-0), Borelli lui a exigé de me prendre dans le groupe, mais je ne suis pas entré en jeu. J'ai joué la semaine suivante au Parc et j'ai marqué (contre Nice, match nul 2-2). J'ai donc très peu joué sous Vasovic. Il s'est ensuite fait remplacé par Choquier qui me connaissait bien car il était l'entraîneur du centre de formation. Etant donné que j'avais été écarté de l'équipe en début de saison, je jouais avec lui tous les dimanches en réserve, et je marquais énormément de buts. Il m'a donc beaucoup plus utilisé. Mais il n'est pas resté longtemps. Il a vite été remplacé par Peyroche la saison suivante avec qui ça a été la même histoire qu'avec Vasovic. J'ai fait les premiers matchs, et puis il a recruté Dominique Rocheteau. Du jour au lendemain, il ne me connaissait plus. Moi je n'avais pas de problèmes avec Rocheteau. Il a été recruté pour jouer. "
"Le meilleur? Dahleb, et il n'y a pas photo"
PSG70 : Avec le recul, qu'est ce qu'il vous a manqué vous imposer durablement au Paris Saint Germain ?
JFB : "Moi il ne me manquait rien, c'est l'entraîneur qui n'a pas voulu de moi. Je n'ai jamais rien pu prouver. Avec Choquier, j'ai mis 12 buts en une vingtaine de matchs mais il ne voulait plus de moi. J'ai alors signé à Rouen en deuxième division entraîné par Robert Vicot qui m'avait connu au Paris FC et qui voulait me faire venir. On est monté dès la première année puis on est resté en D1, et j'ai marqué plusieurs buts, preuve que je pouvais encore être utile à ce niveau là. Il ne faut pas avoir de rancoeurs, mais c'est dommage car ça a cassé quelque chose. "
PSG70 : Parmi tous les joueurs que vous avez pu connaître dans votre carrière, lequel vous a le plus impressionné ?
JFB : "Dahleb ! Et je dirais même qu'il n'y a pas photo. Il était au dessus de tout le monde, sur tout plans. Un joueur très très fin, très intelligent. Un gars extraordinaire, il avait tout pour lui. Je lui ai toujours demandé pourquoi il était resté au PSG. Sans faire injure au club, il aurait pu faire une très grande carrière. Il était très rapide et tout en finesse. Son pied gauche était une main. "
PSG70 : Aviez-vous une bête noire ? Une sorte d'adversaire, en l'occurrence un défenseur contre lequel vous n'arriviez jamais à passer ?
JFB : "Non, pas spécialement. La seule équipe contre laquelle je n'ai jamais pu marquer de ma carrière c'est Saint-Etienne, alors je dirais Curcovic le gardien ( rires ). A vrai dire, je ne me posais pas ce type de questions. Quand on commence a douter et a craindre l'adversaire, on a 9 chances sur 10 de passer a travers. Il fallait marquer, c'était mon seul et unique objectif. "
PSG70 : Suivez-vous aujourd'hui l'actualité du Paris Saint Germain ?
JFB : "Oui, je la suis malheureusement J'espère qu'ils vont se sauver, et je crois que ça va être bon. Il faudrait déjà qu'ils commencent par gagner chez eux, à prendre au moins 3 points à chaque fois. Un nul au parc, c'est comme une défaite".
PSG70 : Que pensez-vous de l'évolution du métier de footballeur, notamment le côté « bizness » du football d'aujourd'hui ?
JFB : "Moi je dis que c'est une bonne chose. Certains disent que les joueurs sont surpayés, mais eux ils n'ont rien demandés. Avant nous étions des « sous payés » ( rires ). Vous savez, une carrière c'est très court, ça dure quoi, 15 ans maximum ? Je trouve ça mieux, ils ont une certaine stabilité au niveau mental et financier. Il est certain que j'aurais préféré être footballeur aujourd'hui… "
PSG70 : Qu'avez-vous fait depuis votre fin de carrière ?
JFB : "Après ma fin de carrière en 1985 à Rouen, j'ai monté une société de maçonnerie aux Clayes-sous-Bois à 9km de Saint-Germain-en-Laye en 1988. Je travail dans cette société depuis 1988, j'ai totalement coupé du sport. A vrai dire, ça ne me manque pas trop, car j'étais préparé à vivre ça".
PSG70 : J'ai cru comprendre que vous faisiez partie de l'équipe des « Polymusclés ». Pouvez-vous expliquer le concept ?
JFB : "C'est une sélection de personnalité, qui fait des matchs dans les petits clubs et qui récupère un peu d'argent pour des causes comme la lutte contre des maladies. Il y a de tout, des chanteurs, des comédiens et des anciens footballeurs. On s'amuse entre nous, comme là, il y a deux semaines à Saint-Ouen pour les 110 ans du Red Star. C'est bien, c'est sympa de se retrouver entre nous. Et de voir si il a encore un peu de jus. C'est un peu le même principe que le Variété Club de France. Là, je viens de revoir Michel Bibard et Philippe Jeannol par exemple. Chacun vient quand il peut, tout dépend des disponibilités".
Jean-François Beltramini à l'occasion du match fétant les 110 ans du Red Star
Propos recueillis par Maxime Pousset pour PSG70.free.fr. Merci à Jean-François Beltramini pour sa disponibilité .